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Samedi 21 septembre, le groupe Canal+ a lancé la 5ème déclinaison de sa chaîne phare avec une antenne entièrement dédiée aux séries. Un enjeu stratégique alors que le succès d'audience et l'impact culturel de ces programmes se confirment de jour en jour et que la compétition se fait toujours plus rude : bouquets concurrents, chaînes gratuites, nouveaux acteurs issus du Net... mais surtout le téléchargement illégal, alimenté par le refus de nombreux accrocs d'attendre la diffusion de leurs séries préférées sur les chaînes françaises.
Dans ce contexte, comment positionner et identifier une chaîne comme Canal+ Séries ? Olivier Schaack, Directeur Artistique de Canal+, nous a présenté les choix du groupe pour sa nouvelle-née. décliner l'identité de Canal+ C'est une évidence qu'il convient de rappeler : Canal+ Séries est une déclinaison de l'antenne premium et s'inscrit donc dans une logique de bouquet, avec une identité cohérente. « Nous sommes repartis de notre écran coupé en quatre, explique Olivier Schaack. C'est l'un des points clés de l'identité de Canal+, avec les images abstraites et l'utilisation poussée des typographies. Cependant, au bout de quatre ans, nous souhaitions nous donner un peu plus de liberté dans l'exploitation de ce système graphique. Nous avons donc soumis plusieurs pistes à l'agence, qui a réussi à traduire nos réflexions dans l'habillage. » L'agence en question n'est autre que Devilfish, qui accompagne Canal+ depuis son rebranding en 2009. un habillage sériel L'agence a élaboré l'habillage en se référant à se qui caractérise une série : la répétition et le suspense. Ici, le suspense est créé par l'abstraction. Des images de séries diffusées sur l'antenne sont altérées par un dispositif inspiré du Pixelator. Une précision qui n'a l'air de rien mais est essentielle : comme à l'accoutumée dans l'identité graphique de Canal+, ces images ne sont pas générées par ordinateur. Olivier Degrave, Directeur Artistique on-air, commente : « Nous disposons d'un écran TV, sur lequel on diffuse nos montages d'images de séries à l'aide d'un logiciel de VJing. On appose un filtre devant l'écran et les images sont déformées... Là où ça se complique, c'est qu'en habillage nous devons aligner nos éléments au pixel près. Dans ces conditions, placer et régler une caméra devient très complexe.» Photo du shooting de l'habillage de Canal+ Séries. (© Olivier Degrave) Une démarche qui peut sembler extrême mais est, pour la Direction Artistique, la garantie d'obtenir un habillage au niveau de réalisation digne d'une chaîne premium. « Nous avons évidemment fait des simulations informatiques de cet habillage avant de tourner : nous pouvons vous assurer que le rendu n'a rien à voir. L'identité de Canal+ repose notamment sur l'abstraction et la lumière. Il y a des subtilités concernant cette dernière que l'on ne peut pas obtenir en infographie. De fait, il suffit que l'on change de modèle d'écran TV pour que le rendu de l'habillage change, parce qu'il aura des caractéristiques techniques différentes, etc. En somme, une partie de notre travail consiste aussi à ce que l'identité de Canal soit unique, affirment Schaack et Degrave. Résultat : les images de séries ne sont plus immédiatement identifiables mais présentent des caractéristiques de couleur ou de mouvement qui peuvent permettre aux abonnés de reconnaître leurs programmes préférés. Olivier Degrave sourit : « C'est le petit jeu dans l'habillage. 30 ans après, on réinvente le cryptage sur Canal+... Et on retrouve aussi un peu les carrés d'Etienne Robial. C'est l'ADN de cette chaîne et on tient à le préserver. » À bien chercher, on pourrait aussi retrouver l’ellipse... En effet, l'autre caractéristique principale des séries et de cet habillage est le caractère répétitif. Il se traduit à l'image par des saccades dans certains mouvements. Côté son, la musique composée par Malcolm Goldie (déjà auteur notamment de l'identité sonore de Canal+ Cinéma) renforce ces hoquètements et installe, comme sur les autres antennes du groupe, une signature mnémonique.
Pour promouvoir ses programmes, la chaîne s'est adjoint les services d'une voix familière aux abonnés de Canal+ : celle de Patrick Mancini, qui n'est autre que le doubleur de Dexter dans la série éponyme. L'accès à Canal+ Séries s'ajoute sans supplément à l'offre proposée à l'ensemble des abonnés Canal+, hors réception par la TNT. Les abonnés dépendants de ce mode de réception peuvent néanmoins accéder aux programmes de Canal+ Séries via le service de replay "Canal+ à la demande". Crédits : Canal+ - Direction Artistique : Olivier Schaack, assisté d'Olivier Degrave Devilfish - Directeur de création : Tom Robinson - Réalisateur : Lee Edwards - Musique : Malcolm Goldie J. Magne Lundi, 9 septembre 2013Les nouveaux jingles pub de Canal+
Nouvelles émissions, nouveaux visages... La rentrée a été riche pour les plages en clair de Canal+. La Direction Artistique de la chaîne cryptée accompagne ces mouvements avec de nouveaux jingles pub, à l'antenne depuis le 2 septembre. Lenodal vous révèle les coulisses de leur conception.
« Les précédents jingles étaient présents depuis 2011 », rappelle Olivier Schaack, Directeur Artistique. « C'est l'élément d'habillage le plus diffusé et qui s'use donc le plus rapidement. Nous avons souhaité renouveler ces jingles en suivant deux axes. Le premier est que nous voulions disposer de jingles plus modulables, que nous pourrions événementialiser. L'antenne de Canal+ est riche et c'est un vrai plus que l'habillage puisse soutenir la programmation. Le deuxième axe est que nous voulions une bande son plus rythmée, plus en osmose avec les émissions en clair, particulièrement le Grand Journal. » Ces nouveaux caps étant définis, la Direction Artistique a développé en interne un concept répondant à ces exigences tout en se conformant au "terrain de jeu créatif" de la chaîne : recherche de l'abstraction, utilisation de la typographie, etc. C'est Olivier Degrave qui a conçu et réalisé ces nouveaux jingles. Il raconte : « Nous souhaitions créer un dispositif qui nous permette de jouer sur l'image et la lumière, dans la continuité de ce qui avait été réalisé pour Studiocanal et de notre table pour la projection des blasons des équipes de Ligue 1. Nous avons donc eu l'idée de jouer avec la forme triangulaire et avec des miroirs, sous une forme assez simple néanmoins pour que l'on ne tombe pas dans le kaléidoscope pur. » L'écriture de ces jingles paraît simple : travelling avant et recomposition de la typo en ouverture ; travelling arrière et décomposition en fermeture. Elle est néanmoins le fruit d'une réflexion sur la place de la publicité sur l'antenne. Olivier Schaack explique : « La pub chez nous n'est présente qu'en clair et peut donc être perçue, peut-être plus encore que sur d'autres chaînes, comme une intrusion pour nos abonnés. On ne peut donc pas totalement s'associer à elle, comme on peut le faire sur d'autres chaînes au sein du Groupe, comme D8. Néanmoins, il ne s'agit pas de la mépriser : d'abord parce que nous en avons besoin mais aussi parce que Canal+ accueille des annonceurs prestigieux, des marques de l'univers du luxe notamment. On se doit donc de créer un écrin pour ces marques et qu'il soit perçu pour ce qu'il est, comme une parenthèse : on se focalise sur la pub, travelling avant ; puis travelling arrière, on rélargit sur Canal et l'on retrouve notre identité, la déstructuration. »
La réalisation en interne de ces jingles prend tout son sens lorsque l'on garde à l'esprit la volonté de la Direction Artistique d'événementialiser l'habillage. C'est déjà le cas pour les soirées de matches de Ligue 1 (capture ci-dessous) ou de Premier League (sur Canal+ Sport) et cela le sera sans doute aussi pour d'autres événements comme la "Nuit américaine". Avantage : il suffit de descendre le dispositif de quelques étages, dans un studio de la chaîne, pour réaliser de nouveaux éléments selon les besoins. Tout comme la table utilisée pour les sports, c'est Jean-Pierre Barthes qui a réalisé ce dispositif, lequel trône désormais dans les couloirs de la DA : un cylindre d'une cinquantaine de centimètres de diamètre, construit sur mesure pour pouvoir y insérer un reflex vidéo Canon EOS 5D. Ce "tambour" est tapissé de miroirs triangulaires, espacés de sorte à rendre leurs arêtes visibles. Le dispositif de tournage en action (photos Olivier Degrave). Principe général : des rushes d'images abstraites à disposition de la Direction Artistique sont rétro-projetés sur un écran, devant lequel est installé le dispositif. Les miroirs reflètent et déforment les images à l'intérieur de celui-ci. Et comme dans une machine à laver, le tambour tourne ! « Nous avons fait de nombreux essais, raconte Olivier Degrave, et comme souvent c'est à ce moment que l'on se rend compte que certaines idées ne fonctionnent pas bien. En l'occurrence, faire tourner l'image donne franchement la nausée. Il y a par contre d'autres pistes que nous n'avons pas retenues pour ce projet mais que l'on garde dans un coin... Nous avons vu que faire circuler des objets ou de la fumée à l'intérieur du tambour peut créer encore plus d'abstraction et une atmosphère mystérieuse voire angoissante. » La Direction Artistique a ainsi produit 377 visuels, pas moins de 70 sons et sélectionné une douzaine de typos... Autant de possibilités de jingles différents, dans la droite lignée du principe "robialien" : créer un habillage reconnaissable mais pas mémorisable. À ce jour, une trentaine de jingles ainsi que ceux associés aux équipes de Ligue 1 sont à l'antenne. « Il s'agit globalement des plus simples, explique Degrave. On se laisse le temps d'habituer les téléspectateurs à ces nouveaux éléments avant d'aller vers un peu plus d'abstraction. Même si Canal+ ne suit pas la saisonnalité dans ses habillages, nous avons d'ores et déjà produits quelques éléments qui seront parfaits pour les fêtes de fin d'année. » Des éléments dont lenodal vous donne un aperçu en avant-première : Canal+ : Direction Artistique : Olivier Schaack Conception, réalisation : Olivier Degrave Fabrication du dispositif : Jean-Pierre Barthes Musique : Norbert Gilbert J. Magne Jeudi, 7 mars 2013Rencontre avec Jean-Paul Goude
Jean-Paul Goude : un nom dont l'évocation suffit à réveiller chez chacun de nous nombre de souvenirs, à convoquer pléthore d'images. Ce n'est que justice tant ses réalisations ont marqué le public. L'homme a transformé les Champs-Élysées en une gigantesque scène de théâtre pour les commémorations du bicentenaire de la révolution française, a frappé les esprits au travers de sa collaboration avec la chanteuse Grace Jones ou avec ses campagnes de pub, devenues mythiques, pour Kodak, Lee Cooper, Perrier, Chanel... On le sait moins (ou plutôt, on l'a un peu oublié) : Goude a aussi été à l'origine d'un habillage mythique, celui de La Cinq (première chaîne commerciale gratuite) en 1991.
Plus de vingt ans après la disparition de cette chaîne et en marge de la rétrospective que lui a consacré le Musée des Arts Décoratifs, Jean-Paul Goude a accepté d'évoquer pour lenodal ce que fut « sa » Cinq et de la mettre en perspective avec le reste de son œuvre. un personnage haut en couleurs On pourrait dire malicieusement qu'interviewer Jean-Paul Goude relève d'abord de l'exercice physique. L'artiste nous reçoit dans son studio parisien, à flanc des Buttes-Chaumont. La rencontre et la vue imprenable sur la capitale se méritent : longues ascensions des rues bellevilloises puis d'un escalier en colimaçon... On arrive un brin essoufflé, mais la décontraction et la bonne humeur de M. Goude sont communicatives. L'esprit ne sera cependant pas en reste. Une heure durant, il va enchaîner anecdotes, digressions et croquis pour nous faire partager sa vision. On ne parlera pas que de La Cinq : il ne cessera de citer d'autres réalisations, de tisser des liens entre ce travail de commande et le reste de son œuvre. Il en ressort un portrait d'un enthousiaste qui, à 72 ans, « commence à comprendre quel homme et quel artiste [il est] ». On le quittera avec l'agréable conviction d'avoir un peu mieux compris son univers. Jean-Paul Goude dans son atelier (photo lenodal) Remettons les choses dans leur contexte... La Cinq fut lancée le 20 février 1986. Elle passe alors successivement entre les mains de Silvio Berlusconi (qui ne s'était pas encore lancé en politique) et de Jérôme Seydoux, puis du magnat de la presse Robert Hersant (Le Figaro) en 1987, avant d'être vendue à Jean-Luc Lagardère 4 ans plus tard. Accablée par ses dettes, par le dumping publicitaire de TF1 fraîchement privatisée puis par l'abandon de la classe politique, la chaîne est contrainte de déposer le bilan et cesse d'émettre le 12 avril 1992. Au-delà de l'histoire médiatique, économique et même politique 1, au-delà de l'aventure humaine que vécurent ses salariés, le ton nouveau et les programmes populaires (« populistes », diront certains) de La Cinq ont laissé une trace forte dans les souvenirs des spectateurs de l'époque. Côté habillage, l'histoire de La Cinq est tout aussi rock n'roll. La communication de la chaîne s'est longtemps faite sur un ton démonstratif, usant (et abusant...) des prémices des images générées par ordinateur, de la 3D (cf. vidéos ci-dessus). Un syndrome de l'époque... Puis, le 2 avril 1991, un choc visuel. Le nouvel opérateur Jean-Luc Lagardère doit imprimer sa marque. Il confie le chantier à Goude. Logotype, jingles, bandes-annonces : tout est revu, dans un style très graphique, presque minimaliste. un artiste dans le poste Comment Jean-Paul Goude en est-il venu à l'habillage ? : « Un peu par hasard, confie-t-il. Je suis illustrateur, pas designer. Mais j’étais auréolé du succès du défilé du bicentenaire. On m’a alors beaucoup sollicité. Pour la pub, mais aussi pour des travaux comme un relookage du journal Libération. Serge July souhaitait que je fasse la direction artistique du numéro spécial de leur 30ème anniversaire. Bien sûr j’étais flatté. Surtout, cette aventure dans le design m’intéressait et m’inspirait, j’ai donc dit OK. » « J'ai fait la connaissance des dirigeants de la Cinq à cette période. J’ai été très peu briefé. Pascal Josèphe (directeur des programmes, NDLR) parlait beaucoup de sa grille... Qui, il faut bien le dire, me rendait perplexe. Mais pour ce qui est du graphisme, pas vraiment de direction. Comme j’étais "à la mode", j’étais censé apporter 'la' solution à leurs problèmes. J'aurais pu me planter car, mal briefé, je suis parti dans une direction trop ambitieuse. J'avais imaginé de relooker les coursiers, les voitures... Je voulais les envelopper d'un immense "5", dans le style des publicités vues dans mon enfance, comme pour l'apéritif St-Raphaël. J'en ai parlé à Guillaume Durand, que j'ai croisé dans un couloir et qui m'a heureusement un peu mieux guidé. En l’occurrence, il n'y avait ni coursiers ni voitures à La Cinq ! Je perdais mon temps et ai dès lors compris qu'il fallait me focaliser sur l'antenne. » « Jean-Luc Lagardère procédait différemment. Je n'ai dû le rencontrer qu'une fois, pour faire différentes propositions. Je lui avais notamment montré le dessin d'un "5", qui n'était pas le logo définitif. Il m'a alors parlé comme, j'imagine, un patron d'usine parlerait à un artisan ou à un ouvrier sur la chaîne d'assemblage. "Tu vois coco, ton 5, il est un peu faible là... Ça va casser." Il me le décrivait comme s'il parlait d'une courroie de transmission, c'était assez sympathique. Je garde un bon souvenir de cette rencontre. » conception de l'habillage Jean-Paul Goude : « Mon histoire avec La Cinq est évidemment un travail d’équipe, dont je suis le maître d'œuvre. Il est indissociable de mon admiration pour Fabien Baron. » Ce Directeur Artistique français a notamment collaboré avec Vogue, GQ et Harper’s Bazar. Sa société conseille des dizaines d’entreprises et de titres de presse liés à la mode ou au luxe. « On s’est rencontrés avec le projet autour de Libération, raconte Jean-Paul Goude. Certes j’avais travaillé pour des magazines comme Esquire, mais je n’étais pas metteur en pages. Je suis donc allé chercher le meilleur ! Arrive alors la proposition de La Cinq. J’en ai parlé à Fabien, qui m’a montré des animations qu’il réalisait sur son ordinateur. C’était un univers totalement étranger au mien. Ça m’a beaucoup intéressé et je me suis naturellement demandé comment on pourrait adapter ces techniques pour l’identité de la chaîne. L’idée murit, me conduit à la possibilité de jouer avec les chiffres 1, 2, 3, 4, 5... Je suis retourné voir Fabien et lui ai demandé de réaliser un prototype d’animation avec des chiffres. Je suis rentré avec à Paris et ai pu commencer le travail d’animation générale, de montage, de colorimétrie, de mise en musique... pour arriver à l’allégorie que l’on sait. » La collaboration de Jean-Paul Goude avec La Cinq s'inscrit comme un exemple de regards croisés entre Arts plastiques et identités télévisuelles. 2 Par ailleurs, bien que Goude ne soit pas affilié au pop art (préférant développer une démarche plus personnelle 3), l’habillage de La Cinq est marqué par l’influence des maîtres de ce mouvement artistique. À gauche : Jasper Johns, 0 through 9, 1960. Lithographie (62,2 x 48,1 cm). Museum of Modern Art, New-York. À droite : Jasper Johns, 0 through 9, 1961. Huile sur toile (140,1 x 107,8 cm). Tate Modern, Londres. © DRLa plus évidente est sans doute celle de Jasper Johns. Ce père fondateur du mouvement a réalisé dans les années 1960 une série de dessins et de toiles mettant en scène des chiffres. La référence, parfaitement assumée par Jean-Paul Goude, mérite cependant d'être dépassée tant son apport personnel est visible, au-delà de la simple citation artistique. Il faut aussi garder à l'esprit que son approche minimaliste est à contre-courant de la production française de l'époque (Canal+ mise à part). Avec Goude, le logotype devient plus que jamais point nodal de l'identité : il « est » la chaîne. Dans les jingles, aucun élément visuel (qu'il soit vidéo ou typographique) ne s'interpose entre le téléspectateur et le logo. Ne restent que les chiffres et la couleur. Ce choix singularise l'image de La Cinq et lui confère un aspect « premium » qui, avec le recul, a sans doute quelque peu tranché avec ses programmes populaires. jouer avec la typo Impossible d’évoquer l’habillage de La Cinq sans mentionner la Bodoni. Dessinée au XVIIIème siècle par l’imprimeur du même nom, elle se caractérise par la radicalité de ses caractères : les pleins sont épais, les déliés très fins. D’abord considérée comme une typographie « autoritaire », utilisée par l’administration révolutionnaire puis impériale pour ses décrets, elle acquerra au XIXème siècle une dimension plus romantique et intellectuelle, due à son emploi dans les ouvrages des auteurs de l’époque (notamment Victor Hugo ou Charles Beaudelaire). La presse féminine s’en empare dans les années 1950, lui ajoutant une dimension luxueuse et élégante. 4 La question du « pourquoi » de son emploi en décontenancerait presque Jean-Paul Goude. « Elle fait partie de mon inconscient. C’est le caractère de Vogue, d’Harper’s Bazar, ces magazines réellement élégants. C’est un hommage à Alexey Brodovitch (Directeur Artistique d’Harper’s Bazar de 1938 à 1958, NDLR). Elle est belle en soi et très évocatrice, si bien que je l’utilise dès que j’en ai l’occasion. » À droite : caractère 5 issu de la Bodoni. À noter que le dessin final du « 5 », exécuté par Fabien Baron, diffère légèrement de la typographie originale, notamment par l'atténuation de la différence entre maigres et gras et par des arrondis plus prononcés (cf. ci-dessus). On notera également l'emploi du Franklin Gothic pour l'identification des différentes cases (cinéma, sport, jeunesse...). Dessiné entre 1903 et 1912 par Morris Fuller Benton, c'est le caractère « américain » par excellence. On l'a vu régulièrement à la Une de grands magazines comme Time ou Cosmopolitan mais aussi pour promouvoir des films aussi variés que Star Wars ou Rocky. Cette typo a également été intimement liée à l'identité du groupe France Télévision, qui l'a utilisé pour ses habillages de 1992 à 2002. Bien qu'elles soient invariablement utilisées en capitales, l'emploi simultané de deux polices (l'une avec sérif, l'autre sans) permet de créer un contraste et une dynamique dans la composition. Ces vertus sont appuyées par la palette colorimétrique et le montage des éléments. le choix des couleurs Deux réalisations de Jean-Paul Goude pour un même univers colorimétrique. À gauche : identifiant de case jeunesse de La Cinq (1991). À droite : campagne publicitaire pour le parfum "n°5" de Chanel (2000).La palette de La Cinq en 1991 est riche d'une vingtaine de teintes. Plusieurs d'entre elles correspondent à une case et donc à une thématique de programmes précise. « Ce sont des couleurs vives, franches. Elles permettent de créer des contrastes agréables à l'œil. J'ai par exemple un amour immodéré pour le vert véronèse. » Jean-Paul Goude est resté fidèle à ces couleurs, les réutilisant pour d'autres travaux (ex. ci-contre). de l’image et du rythme L’habillage créé par Jean-Paul Goude frappe encore aujourd’hui par sa science du montage et de la composition de l’écran comme « matière plastique ». Le défilement ininterrompu des chiffres et l’arrondi du logo « 5 » introduisent une dimension circulaire dans un univers visuel marqué par la linéarité de la typographie Franklin Gothic et du gabarit antenne. Par ailleurs, ce dernier découpe l’espace en une série de compartiments dont l’effet est la reproduction ad lib des « 5 », comme un ultime clin d’œil au pop art. Storyboard du générique de case "cinéma" Sur les identifiants de cases antenne, on passe en quelques secondes de 36 à 16, puis 4 compartiments, avant que l’espace-écran ne recouvre son intégrité (et le logo sa pleine échelle). Cette succession opérée cut, en rythme avec la bande son, contraste avec la régularité obsédante avec laquelle défilent les chiffres de 0 à 9. L’effet découle de l’emploi discret mais efficace, dans l'animation des chiffes, du volet linéaire. Ce procédé de transition ouvre et ferme par ailleurs chaque élément d’habillage. C'est un détail innovant pour l'époque, qui amène une réelle fluidité entre les éléments. « Cela doit venir du fait que je ne vois pas l’intérêt d’attendre. Même sur mes bandes démo personnelles, je ne laisse jamais d’espace entre deux films. Pourquoi laisser 4 ou 5 secondes de noir ? Je préfère monter bout-à-bout, c’est plus dynamique. Une réalisation sympathique dans ce genre et que l'on a réussi à mener à terme était le rhabillage du journal, présenté par Durand. Après le générique, il apparaissait à contre-jour, devant un texte défilant. Puis la lumière s'allumait sur lui, le fond s'éteignait et il pouvait saluer les téléspectateurs. » Ouverture du Journal de 20 heures de La Cinq en 1991. hommage à un maestro Le gabarit et l'animation ne sont pas seuls constituants du dynamisme de cet habillage : la bande son y joue aussi un rôle essentiel. À l'opposé des nappes synthétiques ou des orchestrations grandiloquentes des précédentes identités 5, les musiques utilisées par Jean-Paul Goude se caractérisent par la prédominance du rythme. Les percussions y sont nettement marquées, sur les temps forts comme sur les temps faibles. « On ne peut en parler sans rendre hommage au musicien de talent qu'était Michel Hardy. Il a été mon collaborateur depuis mon premier film publicitaire, Lee Cooper, en 1982. Il est hélas décédé brutalement il y a quelques années. Michel était une personnalité très attachante, c'était un réel plaisir d'aller travailler dans son studio, à Marnes-la-Coquette. J'allais régulièrement le voir avec une idée ou en lui présentant une musique que je venais d'entendre et qui me plaisait. Dès lors, nous pouvions passer des heures devant son ordinateur à nous rapprocher de cette idée, jusqu'à obtenir un rendu qui nous satisfasse. Nous avions par exemple créé une version extravagante du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, à New-York, pour l'ouverture de la nouvelle boutique Hermès. C'était une "bloc party" chic avec des danseuses russes, des costumes, des boites Hermès géantes... Je pouvais arriver avec une proposition aussi saugrenue que "j'adore le son du cor du chasse, mais il faudrait que ça swingue" et Michel parvenait à l'intégrer, ce qui me stimulait et m'amenait à trouver de nouvelles idées. » Cette démarche a aussi présidé à la création de l'identité sonore de la Cinq : « Nous n'avions pas la prétention de composer un thème original. Nous nous sommes portés sur des mélodies enfantines ou sur des artistes qui étaient à la mode dans le hip-hop, et nous les avons réarrangés et remixés pour en faire des "musiquettes". Il y avait Snap, par exemple, un groupe que j'aimais particulièrement. » On pourrait aussi citer Mc Hammer (jingle 'Divertissement') ou des groupes à la pointe de l'électro naissante, comme M|A|R|R|S 6 (jingle pub) ou Front242 (génériques info)... Même Madonna 7 eut le privilège de passer à la moulinette de Michel Hardy. Il en sort une couleur musicale inédite pour l'époque et des éléments facilement bouclables, ce qui est conforme à l'esprit d'ininterruption cher à Goude. « Le plus intéressant, musicalement, c'est souvent de créer un déséquilibre. Vous pouvez isoler 3 notes d'un morceau et les boucler : vous allez obtenir un rythme syncopé, qui marque. Je procède comme cela : je ne commande pas des "grandes compositions", comme au cinéma, mais "bricole" et cherche comment mettre une image en sons. Je suis avant tout un dessinateur qui aime danser... et qui a donc besoin de musique. » un habillage qui fait date À la fin de cet entretien, nous n'avons pu qu'être frappés par la cohérence entre la démarche d'un homme, ses œuvres et ses travaux de commande. L'univers de Jean-Paul Goude est à la fois homogène et foisonnant. Surtout, les choix qu'il a opéré en 1991 incitent à nous interroger sur la pertinence des solutions mises en place pour promouvoir la télévision. Goude, comme d'autres créateurs, nous rappelle ainsi que simplicité n'est pas synonyme d'inefficacité ; qu'une bonne typo et quelques couleurs savamment sélectionnées peuvent apporter un peu de cachet à cet objet des plus quotidiens ; que le rythme, la gestion du temps (une des questions les plus spécifiques à ce medium), mérite d'être traité avec égard. L'artiste a beau affirmer qu'il « [n'a] pas un esprit de designer » car il « [a] besoin de raconter des histoires », son travail pour La Cinq participe d'un mouvement qui, du milieu des années 80 au début des années 90, a constitué l'habillage télé en France comme discipline graphique à part entière. Les plus sceptiques concéderont sans doute qu'il a su saisir l'air du temps... Les plus enthousiastes, dont nous sommes, affirment que cette identité mérite de figurer dans les riches heures du design télévisuel. J. Magne, J. Frarier Notes et références : 1. Lire notamment à ce sujet TF1, un pouvoir de Pierre Péan et Chistophe Nick (éd. Fayard, 1997). 2. Par exemple, Laurent Sauvage (Directeur Artistique de France 3) citait récemment David Hockney pour nous présenter le nouvel habillage de sa chaîne. 3. Lire à ce sujet une autre interview de Jean-Paul Goude, accordée à la blogueuse Adeline Wessang. 4. Ce passage est inspiré de l'excellent Guide pratique de choix typographique de David Ruault (éd. Atelier Perrousseaux, 2009). 5. On se souvient par exemple du générique du journal télévisé, qui empruntait à Richard Stauss le thème principal d'Ainsi parlait Zarathoustra. 6. On pourrait sans doute pousser encore la recherche musicographique, puisque la fiche Wikipédia de Pump up the volume référence une trentaine de samples utilisés par M|A|R|R|S... 7. Pour l'anecdote, on pouvait entendre quelques murmures issus de Justify my love dans le jingle précédant la diffusion des téléfilms érotiques de La Cinq. Crédits : La Cinq 1991 - opérateur : Hachette (Jean-Luc Lagardère) ; Président-Directeur général : Yves Sabouret ; Vice-Président-Directeur général : Silvio Berlusconi ; Directeur général : Yves de Chaisemartin ; Directeur des programmes : Pascal Josèphe. Habillage : Jean-Paul Goude, avec Fabien Baron (collaboration artistique) et Michel Hardy (musique). Production : La PAC 1991 - Président, fondateur : Thierry de Ganay. Remerciements : Jean-Paul Goude, pour sa disponibilité et son accueil chaleureux, Virginie Laguens et Grâce Salemme ; Fabien Mahieu, pour ses archives.
Posté par Johann F
@oyoyoo dans Actualité de l'habillage à 13:19 | Commentaires (7) | Rétroliens (0) Tweeter Tags pour ce billet: couleur, identité visuelle, jean-paul goude, la cinq, logo, pop, rencontre, typo
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