On y est : après des mois de travail et de feuilleton économico-administratif, le groupe Canal+ fait ce soir son entrée dans l'univers de la télévision gratuite. L'autorisation par l'Autorité de la concurrence puis par le CSA de racheter ses deux chaînes au groupe Bolloré est tombée il y a quelques semaines seulement : exit Direct 8 et Direct Star, bonjour D8 et D17.
Lenodal vous propose de découvrir en détails l'habillage de ces nouvelles chaînes.
une direction artistique externalisée
L'incursion de Canal+ dans le gratuit a été l'occasion d'une réorganisation interne. Le groupe comprend désormais deux pôles : un "historique" consacré à la télévision payante et dirigé par Raphaël de Andréis (recruté auprès de l'agence BETC) ; un second dédié à la télévision gratuite et dirigé par Ara Aprikian, qui était jusqu'à présent Directeur du pôle flux.
Selon nos informations, la Direction Artistique de Canal+ (avec à sa tête Olivier Schaack) n'a pas pris en charge le rebranding de D8 et D17. Il s'agit là de la répétition d'un schéma initié en 2011, lors du relookage d'iTélé. À l'époque, la Direction Artistique de la chaîne info avait été confiée à la société de production KM (Le Grand Journal...), qui avait elle-même sollicité l'agence Motionfanclub.
On retrouve aujourd'hui ce schéma sur D8 et D17 : toujours selon nos informations, c'est Flab prod (La Nouvelle édition, Canal Football Club...) qui a piloté la Direction Artistique des deux chaînes en vue de leur relancement par le groupe Canal+. À l'issue d'un appel d'offres international qui a mis en compétition des agences françaises, anglaises et américaines, ce sont les californiens de Troïka qui ont rebrandé les deux antennes.
l'habillage de D8 : positionner "la nouvelle grande chaîne"
Le slogan de D8 est connu depuis la délivrance par le CSA de l'autorisation de rachat et s'étale dans les grandes villes à longueur de panneaux publicitaires. Une campagne qui, selon Satellifax, aurait coûté 3,1 millions d'euros.
Pour installer cette "nouvelle grande chaîne", le choix de l'agence Troïka (qui a entre autres habillé ABC et Fox) ne semble pas anodin. Le recours à cette entreprise américaine implique une volonté d'un habillage puissant, soutenu par une haute qualité de rendu visuel.
Les premiers éléments d'habillage diffusés ce dimanche confirment cette hypothèse : le logo de D8, dans une 3D que l'on qualifiera de "massive", est de tous les idents et jingles pub. Son animation, au travers de différentes compositions et matières, est même le point central de l'identité visuelle. Une stratégie déjà adoptée en son temps par W9 par exemple, avec succès.
Côté typographie, c'est le Giorgio Sans qui a été retenu (fiche fonderie) ; un alphabet bâton qui n'est pas sans rappeler le Din. La typographie, dans l'habillage de D8, est utilisée de façon discrète et rationnelle. Il s'agit de ne surtout pas "voler la vedette" au logo et de délivrer les informations essentielles (rendez-vous, site Internet...) avec efficacité, sans fioriture.
L'autopromotion mise à l'antenne ce soir est transitoire : une autre version sera lancée d'ici quelques semaines. Si elle est de facture assez classique dans son écriture (intro, corps de bande, packshot), on remarquera cependant la présence en corps de bande et surtout en post-pack du logo de D8. Ce sera d'ailleurs l'occasion de découvrir une animation plus générique du logo, où le D et le 8 tournent sur eux-mêmes. La volonté est limpide : "signer", s'approprier chaque programme pour poser le statut de la chaîne : D8 se veut être la généraliste gratuite premium de la TNT.
l'habillage de D17 : jeune ne veut pas dire cheap
Le lancement de D17 a moins retenu l'attention des médias que celui de sa grande sœur, notament parce que la convention que lie la chaîne au CSA limite le remodelage que le groupe Canal+ pourra imprimer à l'antenne (75% de la programmation doit être musicale). D17 bénéficiera néanmoins de son lot de nouveautés, au premier rang desquels l'habillage qui vient signifier, sans doute davantage que la grille de la chaîne, qu'il y a bien eu un changement de propriétaire.
Comme auparavant entre Direct 8 et Direct Star, la relation entre D8 et D17 est appuyée par des logotypes semblables. Cependant, si le D de D8 est noir (la couleur du premium), celui de D17 se décline en un ensemble de 4 teintes acidulées : rouge "fraise tagada", magenta, vert fluo et cyan. Il s'agit d'installer un univers pop identifiable au public jeune, cible de la chaîne.
Les idents et jingles pub adoptent un ton résolument urbain. Il se composent d'une succession de photographies "lifestyle", qui ne sont pas sans rappeler les innombrables clichés que nous sommes habitués à voir défiler sur les smartphones et réseaux sociaux. Le premier habillage de l'ère Instagram, en quelque sorte. Invariablement, ces éléments se referment sur l'appartion, via une rotation 3D, du logo de la chaîne.
L'autopromotion joue de ces codes mais y ajoute une dimension davantage graphique, et plus précisément typographique. Cette dernière est animée, encartouchée, de sorte à apporter de la fluidité aux bandes-annonces et rappeler l'univers pop de la chaîne. À la découverte des premières autopromos, ce traitement nous semble apporter une valeur nouvelle à l'image de D17.
L'intégration de D8 et D17 au sein du groupe Canal+ ne fait que débuter. Ses conséquences techniques, financières et en matière de programmation conduiront inévitablement à des évolutions de ces deux identités visuelles. Selon nos informations, d'autres nouveautés devraient faire leur apparition dans les mois à venir.
Découvrez l'intégralité des habillages de D8 et D17 au travers de nos deux sélections :
Lancée le 4 juillet dernier pour le coup d'envoi de l'Alstom Open de France, Golf+ est une nouvelle antenne thématique du groupe Canal+, pilotée par sa direction des sports. Une chaîne « de niche », en abonnement à-la-carte et qui s'adresse aux 420 000 licenciés (et sans doute davantage de mordus) de la petite balle blanche. Olivier Schaack, Directeur Artistique, nous présente l'identité visuelle du nouveau-né.
le concept
Le point de départ de cette identité est bien entendu le logo, dessiné par Marc Lescop. Il respecte la charte des chaînes thématiques "+", à savoir une construction dans un cartouche gris et l'utilisation de la typo Canal Din Black. Il comporte également un « effet woosh » qui rappelle le mouvement du club frappant une balle de golf.
« Nous avons lancé un appel d'offres mi-avril. Trois agences étaient en compétition : Lazy Corner, Dream On (qui avait rhabillé Sport+ l'an dernier, NDLR) et Devilfish. C'est cette dernière qui a été retenue, leur projet ayant fait l'unanimité. »
La proposition de l'agence s'appuie sur plusieurs idées-phares. La première est que le golf est une invitation au voyage. « Nous allons diffuser les 40 tournois de l'European Tour, les événements du circuit américain, les épreuves des World Golf Championships... Bref, on va voir du pays », commente Olivier Schaack.
Deuxièmement, l'agence a détecté que le golf est un sport propice à la répétition. « Les mêmes gestes reviennent régulièrement, les joueurs sont des athlètes à part entière. C'est un sport de précision et très codifié. »
Enfin, le golf est un sport « premium », d'abord parce qu'il cible essentiellement les CSP++, mais aussi « parce qu'il est prétexte à l'utilisation de beaux objets : les différents types de clubs, la balle, les tees... »
La proposition de Devilfish synthétise ces idées en mettant en scène un joueur de golf exécutant un même mouvement en différents lieux. Les idents (vidéos ci-dessous) suivent ce scénario à la lettre.
Cet habillage exploite les possibilités offertes par le motion control, une technologie popularisée à la fin des années 70 par les effets spéciaux de Star Wars et couramment utilisée de nos jours. Rappelons qu'elle consiste à asservir un mouvement de caméra motorisé (un travelling, par exemple) à un pilotage informatique. Il en résulte une parfaite répétition dudit mouvement sur plusieurs prises, ce qui permet de tourner séparément plusieurs « couches » d'éléments en vue d'un compositing.
Dans le cas de l'habillage de Golf+, des joueurs ont été placés sur un plateau rotatif et ont répété plusieurs fois un même mouvement, un swing par exemple. Le tournage sur fond bleu avec points de tracking a par la suite permis d'incruster les différents greens.
Le sound design a été, quant à lui, pris en charge par le service des sports de Canal+.
les jingles pub
« Les jingles pub n'ont pas été tournés en studio, contrairement aux idents. Le dispositif technique ne l'exigeait pas ; on est donc allé sur le terrain (le prestigieux green de St George's Hill) avec un EOS 5D. Ici, on illustre différemment l'idée de répétition : il s'agit davantage de présenter les différents gestes qui peuvent être exécutés ad lib par un joueur professionnel. Notez cependant que nous déconstruisons la narration grâce à différentes valeurs de plans et grâce au montage, dans le but de ne pas diffuser des éléments trop linéaires et de ne pas lasser », explique Olivier Schaack.
Le tout est appuyé par un effet woosh sonore et visuel qui rappelle la construction du logo.
Au total, cinq jingles pub et autant d'idents ont été produits par Devilfish pour Golf+.
l'autopromo
Par ailleurs, des « matières » ont été tournées par Devilfish pour servir de base au kit autopromotion. Elles sont utilisées dans les synthés, pour les packs de bandes-annonces et enfin comme boucle de nuit. Pour Olivier Schaack, « cela reste cohérent avec l'univers visuel de Canal+, qui est construit sur un jeu de fabrication d'images abstraites à partir d'éléments concrets. Cela permet aussi de mettre en valeur le grand raffinement de ces objets. »
On remarquera enfin que l'ensemble de l'habillage est conforme au gabarit 9 pistes élaboré l'an passé par Devilfish pour l'ensemble des thématique "+".
Crédits :
Canal+ - Direction Artistique : Olivier Schaack ; avec Olivier Degrave, Marc Lescop, Astrid Hughes
Devilfish - Richard Holman, Daniel Eatock, Grant Gilbert
Ce vendredi 1er juin, le groupe qatari Al Jazeera lance sa très attendue chaîne sportive : beIN SPORT. Elle sera d'ores et déjà disponible sur la plupart des bouquets câble, ADSL et satellite (à l'exception notable de Canalsat, faute d'accord entre les deux parties). Lenodal vous présente et analyse les premiers visuels de la chaîne.
Simulation d'emplois du logo beIN SPORT
genèse du projet : le naming et les valeurs de marque
Ce sont deux sociétés françaises, l'agence conseil Via Alternativa et l'agence Dream On, qui ont créé pour Al Jazeera la marque beIN SPORT.
Sophiane Tilikete, Directeur conseil chez Dream On, nous raconte : « Pascal Somarriba et Sébastien Meyssan (fondateurs de l'agence Via Alternativa) nous ont sollicité pour participer avec eux à l'appel d'offres lancé par Al Jazeera. Il s'agissait de créer une marque autour de leur offre de chaînes sportives.
Trouver le nom a été un casse-tête, car il existe des milliers de marques de par le monde qui intègrent déjà la mot "sport". On aurait pu se tourner vers un nom complètement inédit, type "Google" ou "Yahoo", mais cette approche ne nous semblait pas forcément judicieuse.
L'autre difficulté est qu'Al Jazeera souhaitait crééer une marque mondiale (beIN SPORT sera lancée aux Etats-Unis le 1er août, NDLR). On ne pouvait donc pas se permettre d'utiliser des mots à consonance trop française.
La marque ainsi constituée reflète l'approche "people centered" de la chaîne, c'est à dire que l'immersion du téléspectateur sur les terrains des différents sports est prioritaire. Il y a une forme d'humilité qui consiste à mettre la chaîne légèrement en retrait ; l'important, ce sont le jeu et le public. »
Via Alternativa et Dream On ont par ailleurs conçu la "plate-forme de marque", c'est-à-dire l'ensemble des valeurs et des règles de base concernant la communication de beIN SPORT. Ce document a notamment été remis aux agences chargées de la publicté et de l'habillage des antennes. Il définit par exemple la palette de couleurs (ci-dessus) ou la typographie corporate, en l'occurrence l'Officina sans.
le logotype
La volonté d'humilité transparaît dans le logo dessiné par Dream On. Il utilise en effet des codes graphiques peu communs dans l'univers des marques sportives.
Tracé régulateur du logotype beINSPORT
Premier constat : la rondeur. « Le logo est basé sur un ensemble de cercles. L'emploi d'une forme parfaite souligne la rigueur professionnelle et technique de la chaîne. La rondeur permet aussi de nous démarquer des autres marques sportives : on a recours à un langage graphique peu utilisé dans ce milieu, beIN SPORT est donc une chaîne qui innove », selon Sophiane Tilikete.
On remarquera que nombre d'autres codes "masculins" ont été écartés. A contrario d'autres logos, celui de beIN SPORT ne s'appuie pas exclusivement sur une typographie en capitales. Autre choix, celui du violet : une couleur secondaire, obtenue par le mélange de bleu de rouge... Du masculin et du féminin ?
Pour Dream On, le logotype embrasse les valeurs fixées pour la chaîne : accessibilité, sérieux, style et modernité. Il se décline en versions "marques chaînes", beIN SPORT 1 et beIN SPORT 2. Un second canal de diffusion doit en effet être lancé le 28 juillet.
Mise à jour 16h : Le site web de la chaîne a été mis en ligne dans sa version définitive il y a quelques minutes.
D'autres infos concernant l'identité visuelle de beIN SPORT sont à venir très prochainement sur lenodal.com.