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Lors de la conférence de rentrée de France Télévisions qui se tenait le 18 juin, Yannick Letranchant, Directeur de l’information du groupe, a confirmé l’arrivée en septembre d’un nouvel habillage pour les journaux télévisés de France 2. Découvrez en détails les premières images de cette nouvelle identité visuelle.
Utilisation de la nouvelle typographie France Télévisions L'habillage actuel des JT de la deuxième chaîne date de 2014 (avec quelques ajustements depuis) : il reste l’un des derniers vestiges du précédent habillage du groupe France Télévisions avec notamment l'utilisation de la typographie emblématique HeldustryFTV, jusque dans le logo même de l’édition. Désormais, place à la BrownFTV, la nouvelle typographie corporate du groupe depuis le rebranding de 2018, qui devrait habiller le générique et les éléments d’habillage. Un logo rond pour le JT Autre évolution, là aussi cohérente avec la nouvelle identité globale : un nouveau logo rond pour chacune des éditions, qui n’est pas sans rappeler celui de 20h30 le dimanche et de ses déclinaisons, comme vous pouvez le découvrir dans la maquette ci-dessous : Note : s'agissant d'une maquette sur un décor en 3D, il est probable que des ajustements aient lieu en situation réelle. Le nouveau générique, en réalité virtuelle, sera le premier conçu spécifiquement pour le très vaste décor inauguré en septembre 2017 par Anne-Sophie Lapix. Le générique actuel, conçu en interne, est une reprise en réalité augmentée du générique mis à l'antenne en 2014. Plus ancien encore, le logo d'édition est dérivé du carré rouge apparu pour la première fois en 2004 dans le 13h de Christophe Hondelatte puis repris de génériques en génériques. Devenu "la" marque de l’info de France 2, il n’est d’ailleurs pas rare de voir réapparaître régulièrement le carré rouge sur les vidéos destinées aux réseaux sociaux : une page se tourne donc avec l’apparition du "cercle rouge". Un "fil rouge" de l'information La couleur rouge reste très présente : elle apparait sous forme de bandeau circulaire « dessinant » les contours du décor lors du générique. Il s'agit de symboliser à la fois le fil rouge de l’information et la couleur historique de la chaîne. La réalité augmentée au premier plan La réalité augmentée est au coeur du nouveau générique, avec une intégration simultanée très poussée dans tous les domaines à l'écran : décor, lumières, animations... Cette intégration forte avait été expérimentée notamment par VTM dès 2013 ; la chaîne privée néerlandaise avait eu recours à cette technologie pour son habillage info, produite par l'agence Gédéon. Depuis, cette technique a été reprise en Géorgie, en Grèce et même en Corée du Sud. La musique du générique, signée Stéphane Joly, est désormais bien identifiée. Statutaire pour un tel rendez-vous, elle ne changera donc pas. Alex Jaffray, qui a composé de nombreuses musiques de génériques comme celle de la météo via son agence Start Rec souligne son importance à travers une vidéo rétrospective : Rappelons que la mélodie actuelle date de septembre 2014 et avait été réorchestrée par un orchestre symphonique lors de l’inauguration de l’actuel plateau (voir notre article consacré) : D’après nos informations confirmées par France 2, c'est l’agence Movement qui est chargée de réinventer l’identité globale des journaux de France 2. Déjà à l'origine des identités visuelles de france info (2016) et du groupe France Télévisions (2018), ce choix semble privilégier la cohérence et l'importance stratégique de cette vitrine de l’information pour france.tv. Article : François-Loïc Pichard Publication vidéo : Michaël Paperou Mardi, 11 septembre 2012France Télévision(s) a 20 ans
7 septembre 1992, 6h30 : pendant une minute et demie, les téléspectateurs d'Antenne 2 viennent d'être bombardés d'une multitude de signaux audiovisuels. Un montage dynamique, tout en musique, rythmé par de courts laïus de leurs animateurs préférés ("Chaque dimanche est un jour de joie", clame Jacques Martin ; "C'est du grand spectacle !", lance Patrick Chêne) et, à l'écran, par une succession de mots courts ou onomatopées. A l'issue de ce déferlement d'images, un logo jusque là inconnu apparaît : celui de France 2.
Quelques photogrammes du générique antenne de France 2 en 1992. Quand commence enfin "Télématin" quelques instant plus tard, William Leymergie s'empresse de souhaiter aux téléspectateurs la bienvenue sur la nouvelle appellation d'Antenne 2, non sans saluer également la nouvelle identité de la petite voisine : parallèlement, FR3 vient de devenir France 3. Ce 7 septembre 1992 marque un tournant dans l'histoire de l'audiovisuel public. Ce jour-là vient de naître France Télévision. À l'occasion des 20 ans de cet événement, lenodal a rencontré les protagonistes de l'époque et vous propose de se pencher en détail sur la construction de ce qui reste sans doute l'un des habillages les plus emblématiques de la télévision française. Quelques éléments d'habillage de France 3. une entité transversale Si nombre de chaînes ont été amenées à changer de nom au cours de leur existence, le renaming d'Antenne 2 et FR3 peut être considéré comme un point d'orgue dans l'histoire de la télévision publique. C'est aussi le dénouement d'un processus engagé 25 ans plus tôt. Lorsque naissent les deuxième et troisième chaînes en 1963 et 1972, la télévision n'est encore qu'un appareil d'État. La couleur puis l'éclatement de l'ORTF auront beau distinguer les deux consœurs de TF1 pendant des années, la remontée en audience puis la privatisation de cette dernière va les plonger dans une grave crise d'audience, mais aussi budgétaire. Le gouvernement Rocard, Jack Lang en tête, entend renforcer le pôle public face à la concurrence des antennes privées : TF1 bien sûr, mais aussi les nouvelles chaînes qui émergeront bientôt sur le câble et le satellite. La loi du 2 août 1989 dote donc Antenne 2 et FR3 d'un président commun. Après un rapide passage de Philippe Guilhaume, c'est Hervé Bourges, l'homme qui a modernisé TF1, qui est appelé au chevet des malades. Hervé Bourges dessine rapidement les grandes lignes de sa stratégie : « redresser, rapprocher, regrouper 1 » les chaînes publiques. Des synergies apparaissent, comme des bandes-annonces groupées ou la diffusion commune du Téléthon et des jeux olympiques de Barcelone. Mais pour que le rapprochement soit total, il doit s'inscrire dans l'ADN des deux chaînes : Bourges entend « réaffirmer le rôle et les valeurs de la télévision publique à travers une nouvelle signalétique 1 ». Un grand appel d'offres est donc lancé pour doter Antenne 2 et FR3 de nouvelles identités. À l'issue de cette compétition internationale, c'est un ticket composé de deux agences françaises qui remporte le marché au printemps 1992 : BDDP et Gédéon. Charge à la première de définir l'axe stratégique des chaînes et de concevoir la campagne de communication qui accompagnera le renaming ; Gédéon, quant à elle, prendra en charge la création identitaire. Logotype de France Télévision accompagné de sa grille d'agrandissement. Premier moyen de rapprocher : opter pour des noms plus semblables. Exit Antenne 2 et FR3, les deux chaînes doivent constituer une marque inédite (mais sans valeur juridique 2). BDDP propose dans un premier temps "Télévision France", sur le modèle de Radio France. De discussion en remaniements, il est jugé que "France Télévision" sonnerait mieux, en dépit d'un petit côté anglo-saxon. Les chaînes, quant à elles, auraient pu s'appeler "FR2" et "FR3". Par souci de cohérence avec la marque-ombrelle, les noms de "France 2" et "France 3" émergent finalement. Des années durant, la marque France Télévision vivra au gré des retransmissions d'événements sportifs mais aussi au travers d'une séquence d'autopromotion commune : "rendez-vous". Les deux logos survolent l'écran pour déployer une marquise où s'insèrent les images du programme. Par ailleurs, comme pour toute grande entreprise, une campagne publicitaire accompagne le lancement de la marque. Photogrammes tirés de la campagne de lancement de la marque France Télévision (BDDP). France 2, France 3 : des noms pas très originaux ? Mais « c'est un joli nom, un joli mot que le mot France » se défend Hervé Bourges, invité de Bruno Masure au 20 heures de la Deux le 7 septembre 1992. De fait, ce renaming a permis aux chaînes publiques d'être mieux exposées et plus agressives face à l'hégémonie de TF1. Pour Hervé Bourges : « Au niveau international, cela nous permettra d'être reconnu. Mes collègues des télévisions étrangères -les présidents de la BBC, des chaînes allemandes, de la NHK- nous ont écrit pour nous dire : "enfin, on va retrouver les chaînes françaises sur le marché international." Auparavant, Antenne 2 et FR3 disparaissaient un peu au profit de la première chaîne commerciale qui, ayant récupéré les couleurs bleu-blanc-rouge, faisait illusion. 3 » Voilà qui est dit ! François Dameron dirige aujourd'hui l'agence Gédéon. En 1992, il est chargé de production. 4 Selon lui, « Il n'y a pas de grands travaux sans grands commanditaires. Etienne Robial n'aurait sans doute jamais pu mettre en place ce qu'il a créé pour Canal+ si Pierre Lescure ne lui avait pas donné carte blanche. On est là en présence d'un dirigeant de la même veine. Hervé Bourges a eu le souci de créer la différence et le courage de bousculer les habitudes. » S'il n'en est Directeur Artistique que depuis l'an 2000, Stéphen Harlé était déjà dans la maison France 2 en 1992. 5 Il se souvient que les habitudes ont été, effectivement, difficiles à bousculer. « On sort d'un habillage qui pose quelques problèmes de goût... (cf. vidéos ci-dessous, NDLR) Autant dire que l'attente est énorme. Lorsque l'on découvre les logos, la première réaction collective est : "c'est ça ?!". Je me souviens ne pas avoir été emballé par ce "gros 2 rouge". Bref, l'adhésion est modérée mais en même temps, on sent qu'il se passe quelque chose. La situation est clarifiée, on a le sentiment d'appartenir à un groupe. Finalement, tout le monde s'est approprié cette nouvelle image. » Sophie Lapidus-Tepper est alors en charge de l'équipe des bandes-annonces de la Deux. 6 Elle raconte : « Je suis arrivée en 1991, après deux ans passés chez TF1. La Une venait d'être privatisée et s'était énormément rationalisée dans son fonctionnement interne. De fait, ma première réflexion lorsque je découvre les méthodes de travail en vigueur chez A2 est de me dire que je passe de "La Guerre des Étoiles" à "La Guerre du Feu" ! Ce changement d'identité a donc été l'occasion d'insuffler une dynamique et une équipe nouvelles. On passait de l'empirisme à un système construit. Grâce au travail de Gédéon, tant sur l'identité graphique qu'au travers de l'apport de nouveautés (comme le Coming-Next), on a eu l'impression que désormais l'antenne avait une voix. On a énormément travaillé alors sur les textes, le choix des voix de chaîne. Il y a surtout eu un parti pris qui a consisté à s'adresser aux téléspectateurs comme à des gens intelligents. » Christian Bony 7, qui assistait Sophie Lapidus à ce qui allait devenir la première Direction Artistique de France 2, confirme : « Gédéon a introduit des techniques de la publicité dans les outils de France Télévision. Cette période voit l'arrivée du marketing et des premières études sur l'antenne. Il y a eu en interne un séisme culturel : désormais, il fallait accepter que nous étions frontalement concurrents de TF1. Hervé Bourges a prononcé alors une phrase qui a été assez mal accueillie mais était lourde de sens : "L'image d'aujourd'hui, c'est l'audience de demain." Rendez-vous compte, "il a dit le mot 'audience' !" Il y a donc eu création d'une grammaire, dans l'écriture et le montage des bandes-annonces, qui devait nous distinguer des chaînes commerciales. La Direction Artistique a joui à cette époque d'une liberté incroyable qui lui a permis de devenir un véritable laboratoire d'idées. Le nombre de rédacteurs a été quadruplé, on a commencé à faire venir des graphistes... Les premiers teasers apparaissent, ce qui était complètement nouveau. Bref, il y avait une grande envie d'explorer ce territoire vierge. » La "patte" de l'autopromo de France Télévision(s) naît donc à cette période, avec des fondamentaux (intelligence, humour voire auto-dérision) qui perdurent encore aujourd'hui. Si l'on s'en tient au strict habillage, le point fort de cette identité reste, 20 ans après, la capacité qu'a eu l'équipe de Gédéon de rapprocher graphiquement deux chaînes distinctes. On va le voir, l'agence a joué à fond la carte de la complémentarité entre les marques. complémentarité à tous les étages Logo de France 2 accompagné de sa grille d'agrandissement Premier étage de la fusée : les logotypes de France 2 et France 3. Ils ont été créés selon le même principe et présentent logiquement de nombreuses similarités. La base en est le chiffre deux ou trois, en aplat de couleur. Si la forme du caractère "2" n'est pas sans faire penser au Franklin Gothic Heavy, il s'agit en fait d'un dessin inédit qui allie rondeurs parfaites du cercle et stricte angularité du rectangle. Ainsi, la base du chiffre reçoit le mot "France", toujours en blanc et composé en Garamond Book Italic. Quant au "3", il est d'autant plus singulier qu'il semble n'appartenir à aucune grande famille de caractères. Gédéon a cassé la symétrie verticale habituelle de ce chiffre (cf. illustration ci-contre) au profit d'une construction minutieusement similaire à celle du "2". Il en ressort un côté très géométrique, angulaire, qui perdure encore aujourd'hui. Stephen Harlé raconte : « Lorsque les logos des chaînes ont changé en 2002, Alain Vautier a bataillé pour que ce trait caractéristique soit conservé. Alors que si vous tapez "3" en Heldustry (typo corporare de France Télévisions depuis 2002, NDLR), vous obtenez un trois rond. » Logo de France 3 accompagné de sa grille d'agrandissement Autre point d'accord : les typographies. La charte corporate retient deux grandes familles de polices. La première est le Garamond, un caractère intemporel (il a été dessiné au XVIème siècle par... Claude Garamont, avec un T) chargé d'une symbolique d'élégance voire de noblesse, de tradition, mais aussi de chaleur. Il est intimement associé à la culture française en général. Ce n'est donc pas un hasard si on le retrouve dans la composition de nombreux ouvrages littéraires (à commencer par la prestigieuse Bibliothèque de la Pléïade), ce qui n'a pas freiné son utilisation dans des produits purement graphiques (il est la base du logo d'Apple). 9 France Télévision n'en retient que la version italique, ce qui confère du dynamisme et une certaine touche féminine aux logos des chaînes et de la marque. Le Garamond est accompagné à l'antenne et sur la papeterie d'une autre typo chargée d'histoire : le Franklin Gothic. Dessiné en 1902 par Morris Fuller Benton, c'est un caractère puissant, informatif et sobre tout en restant chaleureux. Il est connoté comme rassurant et honnête, deux valeurs qu'on ne saurait dissocier du service public. 9 La charte graphique de 1992 précise que le dessin de cet alphabet « favorise une très bonne lisibilité dans les petits corps » et justifie l'absence de recours à d'autres typos : « c'est un choix volontaire qui œuvre dans le sens de la cohérence et de l'identité. » Cinq graisses courantes et une version condensed sont retenues. Cependant, c'est surtout la version Heavy (ci-contre) qui est utilisée dans l'habillage. Olivier Bontemps est à l'époque l'un des concepteurs de l'habillage chez Gédéon 10. Pour lui, « Franklin était une typo assez à la mode. Elle avait notamment été utilisée par Fabien Baron 11, qui venait de signer la nouvelle mise en page de Vogue Italie. Comme c'est un caractère connoté très "américain", nous l'avons associé au Garamond pour ramener une touche française et pouvoir jouer sur l'association entre les deux typos. » Exemples de jeux sur les typographies. Tous nos interlocuteurs lors de la préparation de cet article se sont accordés sur un fait : l'habillage, ce n'est pas de la pub. Il ne s'agit pas de frapper fort et de marquer les esprits, comme c'est le cas pour un spot diffusé quelques semaines. Il faut créer un système qui véhicule les valeurs de la marque et qui s'inscrive dans la durée. Ainsi, l'identité corporate de France Télévision a été calibrée pour souligner la complémentarité entre ses deux chaînes. « Complémentarité, mais aussi singularité », insiste François Dameron. « Il fallait rapprocher mais ne pas confondre, chacune des antennes devait avoir une signature propre. » On va le voir, cette contrainte initiale a été sublimée par le recours à un système aussi sobre qu'ingénieux. Diviser (l'écran) pour mieux régner Un vieil adage stipule que les idées les plus simples sont toujours les meilleures. On pourrait le vérifier ici. Lorsque se pose la question de transcrire en images animées les principes définis pour la marque, l'équipe de Gédéon accouche d'une idée qui va perdurer (certes avec des évolutions) pendant près de dix ans sur les chaînes publiques : la partition de l'écran. Concrètement, l'écran sera divisé en deux sur France 2 et en trois sur France 3. Une idée simple comme bonjour ? Olivier Bontemps explique : « Le principe a été long à trouver mais demeure simple en apparence. Nous voulions introduire des codes du print sur les antennes, d'où l'idée de diviser l'écran en deux colonnes sur France 2. Ces deux colonnes, c'est un peu une double-page de magazine. » Sur la "page de droite" du magazine France 2, on retrouve nos deux typographies, Franklin et Garamond. Elles sont animées pour constituer des accroches visuelles, comme des gros titres. À gauche, telle une page photo, place aux programmes. Pour les jingles pub, des personnages sautillants sont mis en scène. Gabarit autopromo de France 2. « On s'est inspiré des travaux du photographe Philippe Halsman, révèle Olivier Bontemps. L'idée était d'insuffler de la vie sur l'antenne, de donner envie. Il faut souligner qu'à l'époque, la majorité des chaînes n'avaient que deux jingles pub : ouverture et fermeture... Et encore, le jingle fermeture n'était souvent qu'un rembobinage de l'ouverture ! Nous avons été les premiers, sur M6 puis sur France Télévision, à concevoir et réaliser toute une gamme de jingles » François Dameron complète : « C'était aussi une fenêtre d'expression libre. Nous réalisions pas mal de spots publicitaires et avions donc un vivier de jeunes réalisateurs autour de nous, comme Jan Kounen ou Marc Caro. On a donc eu envie de les solliciter : on les briefait sur la tonalité générale de l'habillage, la contrainte de la moitié d'écran en vertical... et eux nous livraient leur vision du saut. Gilles Galud (fondateur de Gédéon, NDLR) et Christophe Valdejo en ont aussi réalisé plusieurs. » Deux clichés tirées du recueil « Jump « de Philippe Halsman. À gauche : Dean Martin et Jerry Lewis ; à droite : Brigitte Bardot. © DR. Pour Stéphen Harlé : « On est dans un système suisse, très ordonné. Forcément, cela créé une marque forte. Néanmoins, au quotidien, mes prédécesseurs et moi-même avons souvent transgressé cette structure. Ce n'était pas facile de composer avec une moitié d'écran en vertical. C'était plus facile sur France 3, où les textes pouvaient s'étaler en longueur. Si vous regardez attentivement des bandes-promos des années 90 à 2000, vous verrez que notre principal exercice constituait à faire vivre notre "2" et à le mettre en scène sur l'intégralité de l'écran. » De façon complémentaire, la division sur France 3 est faite selon un axe horizontal « qui accentue le côté découverte, avec des vues panoramiques », décrypte Christophe Valdejo, qui a réalisé de nombreux éléments de ces habillages. 12 En effet, point d'humains sur cette chaîne mais variété de paysages : ceux des régions, la spécificité de France 3. L'antenne met ainsi l'accent sur la proximité, l'ancrage dans les territoires. L'univers des jingles pub de France 3. François Dameron se remémore : « On a envoyé une équipe de tournage sillonner l'hexagone pendant quasiment deux mois. Il en résulte ce paradoxe intéressant qui consiste à créer une ouverture sur le monde en présentant des lieux hétéroclites mais familiers. La France est un pays incroyable de ce point de vue. » Gabarit autopromo de France 3. D'autres spécificités vont contribuer à la singularité de cette identité. D'abord sa capacité à être déclinée : c'est l'époque où s'ancre l'habitude de mettre à l'antenne des habillages spéciaux durant l'été ou les fêtes de fin d'année. Les logos de France 2 et France 3 prennent alors une couleur dorée. Sur la Trois particulièrement, une nouveauté va permettre de lutter contre l'érosion qui menace tout habillage : la saisonnalité. Les paysages présents dans les trois bandes varient selon la période de l'année et accompagnent ainsi la vie des téléspectateurs. Autre force : la musique. Après Canal+ et M6, France 2 et France 3 figurent parmi les premières chaînes à se doter d'une identité sonore à part entière. « Sur France 3, il y a une inspiration "World music", un style qui commençait à percer à l'époque... Mais c'était de la world music "au coin de la rue", pour paraphraser un slogan de FR3. Elle avait été orchestrée de sorte à sembler familière aux téléspectateurs. Sur France 2, la démarche était plutôt "populaire chic", avec ces voix, ces synthés et même de l'accordéon », analyse François Dameron. naissance d'une industrie Mais au fait, comment réalisait-on un habillage il y a vingt ans ? « On produisait moins d'éléments qu'aujourd'hui et l'on y passait plus de temps », ironise Stéphen Harlé. François Dameron complète : « Il fallait lutter contre la technique, notamment contre le système SECAM qui faisait que certaines couleurs, particulièrement le rouge, avaient tendance à "se barrer". On passait des heures sur des mélangeurs ou sur des systèmes dédiés, type Harris ou Quantel. Les tournages se faisaient en pellicule : 16mm, Super16 voire 35mm. Si je fouille dans mes archives, je devrais même retrouver des bandes D1. 13 Tout cela a été balayé aujourd'hui... Conséquence directe : les budgets et délais de réalisation n'étaient pas les mêmes non plus. » Pour Stéphen Harlé, « Cet habillage a admirablement servi l'enjeu d'alors. Gédéon a complètement réussi à faire oublier A2 et FR3. Remarquez tout de même les conséquences que peuvent avoir une décision politique sur l'identité d'une entreprise... La Loi dote A2 et FR3 d'un président commun : l'habillage vient illustrer, ancrer cette décision. Le système qui a été créé en 1992 a ceci d'excellent qu'il ne tombe à l'eau qu'en l'an 2000, lorsqu'une autre Loi chamboule la situation et fait passer La 5ème dans le giron de France Télévision... Qu'une création "initiée" par la législation dure aussi longtemps, c'est admirable. » 20 ans après, qu'est-ce qui fait encore aujourd'hui la force de cette identité ? Sans doute d'abord le choc lié à sa découverte. En un tour de main, les images de deux chaînes populaires ont été rénovées de fond en comble. Le 7 septembre 1992, plus un logo A2 ou FR3 n'est visible sur les antennes. Et avec l'habillage, ce sont une multitude de génériques qui ont été revus. Un effort particulier a aussi été fait sur la micro-programmation, c'est à dire sur le rythme de la grille entre deux émissions : les chaînes ont d'un jour à l'autre paru plus vivantes, avec une diffusion renforcée des jingles et autopromotions. Un changement d'une telle ampleur et sans aucune phase de transition resterait, encore aujourd'hui, une démarche très périlleuse tant dans sa réalisation que sur le plan stratégique. On peut aussi avancer que la force de cet habillage réside dans une certaine idée du graphisme ; des idées simples mais efficaces, conjuguées pour porter une mission ambitieuse : celle du service public. L'identité de France Télévision créée en 1992 par Gédéon est sans doute le premier habillage industriel, au sens le plus noble du terme. Le propre du design n'est-il pas de proposer des produits esthétiques, mais qui doivent s'insérer dans une démarche productive ? Notes et références 1. Citations tirées du préambule de la charte graphique de France Télévision, signé par Hervé Bourges. 2. France Télévision ne deviendra une entreprise au sens propre qu'avec l'adoption de la Loi Tasca en 2000. 3. Une interview similaire, diffusée le même jour sur France 3, est visible sur le site de l'INA. 4. François Dameron était alors chargé de superviser la création de l'habillage de France 3. 5. Stéphen Harlé travaillait à l'époque comme rédacteur au service communication de France 2. 6. Sophie Lapidus a quitté France 2 en 1997 pour fonder sa société de production. 7. Christian Bony a succédé à Sophie Lapidus à la DA de France 2 avant de participer à la création du département broadcast design de Dream On. Il est aujourd'hui Directeur créatif de la Division des Contenus d'Orange. 8. Les curieux pourront consulter la charte graphique de la communication gouvernementale, reproduite sur un site dépendant du conseil régional de Poitou-Charente. Notez qu'elle n'a été définie en tant que telle qu'en 1999. 9. Ces lignes sont inspirées du « Guide pratique de choix typographique » de David Rault (ed. Atelier Perrousseaux). 10. Olivier Bontemps a quitté Gédéon en 1997 pour fonder l'agence View avec Virginie Loiseau et Christophe Valdejo. Il dirige aujourd'hui l'agence Royalties, spécialisée dans le conseil stratégique et l'identité des marques. 11. Fabien Baron est un Directeur Artistique français. Il a notamment collaboré avec Vogue, GQ et Harper’s Bazar, mais aussi avec Jean-Paul Goude pour l'habillage de La Cinq. Sa société conseille des dizaines d’entreprises et de titres de presse liés à la mode ou au luxe. 12. Citation tirée de France Télévisions, histoires d'habillages, mémoire de Julien Baldacchino. Christophe Valdejo a participé à la fondation et dirigé l'agence View de 1997 à 2012. 13. D1 était le premier support d'enregistrement vidéo numérique, créé par Sony et Philips-BTS. Très onéreux, il reposait sur une bande magnétique de largeur ¾ de pouce : une cassette pouvait ainsi être transportée... à l'aide d'une mallette ! Crédits : France Télévision 1992 - Président : Hervé Bourges ; Directeur Général adjoint : Pascal Josèphe ; Direction Artistique : Sophie Lapidus assistée de Christian Bony (France 2), Alain Vautier (France 3) Gédéon 1992 - Directeur associé : Gilles Galud ; Chargés de production : François Dameron, Christophe Jarreau, Virginie Loiseau ; Direction Artistique : Olivier Bontemps, Christophe Valdejo ; Musique : Jean-Jacques Hertz & François Roy, avec la participation de Didier Malherbe BDDP 1992 : Jean-Claude Boulet, Jean-Marie Dru Nos remerciements chaleureux pour leur accueil, leur disponibilité et leurs souvenirs : France 2 : Stephen Harlé, Directeur Artistique et Dominique Michelangeli ; France 3 : Laurent Sauvage, Directeur Artistique et Régis Montelle ; Gédéon : François Dameron, Producteur associé et Bernard Bréchet, Directeur de Création ; ainsi qu'à Olivier Bontemps, Sophie Lapidus et Christian Bony. Julien Fournier et "GregTV" pour leurs archives. Sans oublier Julien Baldacchino, dont nous vous invitons à lire le mémoire. J. Magne
Posté par Julien M
dans France Télévisions à 10:07 | Commentaires (3) | Rétroliens (0) Tweeter Tags pour ce billet: couleur, france 2, france 3, gédéon, habillage, identité visuelle, logo, minimaliste, typo
Dimanche, 10 juin 2012Législatives 2012 : habillages et résultats
Comme pour la présidentielle, l'équipe de lenodal se mobilise pour vous permettre de découvrir en direct les habillages des chaînes à l'occasion des élections législatives. Nous vous proposons toute la soirée, quelques instants après leur diffusion, un panorama des infographies et les révélations des résultats.
DERNIERE MISE A JOUR : 11/06/2012 08h00 [rafraichir la page] TF1 18h45 : Début de la soirée électorale de TF1, présentée par Claire Chazal et Gilles Bouleau depuis le plateau du JT. Le décor a légèrement évolué depuis les soirées de la présidentielle : la table a été recouverte d'une plaque qui lui donne un aspect plus moderne. Quelques secondes avant 20 heures, le décompte apparaît en incrustation dans un hémicycle avant de dévoiler le tableau des résultats. Crédits // Agence : Lazy Corner Pictures France 2 18h55 : Début de soirée électorale compliqué pour France 2 : la chaîne est "coincée" par la finale de Roland Garros, interrompue par la pluie. Après un premier décrochage avec David Pujadas, le service des sports garde l'antenne pour parler des bâches... avant de recéder l'antenne à la rédaction. Cruel dilemme que de devoir traiter de deux événements en simultané ! Elise Lucet et David Pujadas évoluent dans le même décor que pour la Présidentielle, à ceci près que l'écran géant en arrière-plan présente désormais une vue de l'hémicycle. Le décompte jusque 20 heures y est incrusté. Comme pour la présidentielle, le générique est basé sur un montage d'images de personnalités politiques. L'accent est mis cette fois-ci sur des députés célèbres, notamment lorsqu'ils ont été ministres. À noter, en intro, une vue en 3D de la façade du Palais Bourbon... Un aperçu de l'infographie qui dévoilera les résultats à 20 heures ? Intuition confirmée : à l'heure H, la caméra 3D pénètre dans le bâtiment pour révéler l'estimation des rapports de forces. Crédits // Agence : Fullscreen - Réalisation : Romain Gentilhomme - Musique : Jérôme Coulais - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti France 3 18h55 : La chaîne des régions tiendra sans doute ce soir une place à part grâce à son imposant maillage local. Des allers-retours réguliers sont prévus entre Paris (avec Carole Gaessler et Francis Letellier) et les antennes de proximité. Un peu après 20 heures, séquence "retour vers le futur" : une envoyée spéciale intervient avec un micro estampillé du logo de la chaîne... en 1992. Comme on pouvait le prévoir, l'implantation régionale de France 3 lui permet de présenter des estimations ou résultats détaillés circonscription par circonscription. À chaque décrochage entre rédactions nationale et locales, un indicatif présente le logo des législatives évoluant sur un fond bleuté, entouré des noms des régions françaises. Côté générique, comme pour la présidentielle, une réalisation simple : dézoom sur le logo en 3D, incrusté sur le plateau ou la régie de production. Crédits // Agence : Fullscreen - Direction artistique info France Télévisions : Arnaud Vincenti MAIS AUSSI : BFM TV Les grandes lignes de l'habillage de la présidentielle sont conservées. On notera néanmoins que l'urne présente dans le générique est désormais partiellement translucide. De fait, le rendu semble un poil plus élégant que pour la précédente élection. La typographie Baskerville est conservée. iTélé Comme BFM TV, iTélé propose des points réguliers sur le scrutin. Même générique et même décor que pour la présidentielle, à un détail près : un nouvel indicatif musical, qui reste dans la tonalité utilisée jusqu'à présent. LCI La chaîne info du groupe TF1 exploite les éléments d'habillage de sa grande sœur et ceux mis à l'antenne en début d'année (les portions de disques). Elle propose également des infographies s'appuyant, en arrière-plan, sur des photos prises depuis le pont de la Concorde (face à l'Assemblée nationale). France 24 La chaîne d'information internationale réexploite les éléments créés par l'agence Gédéon pour la présidentielle. Retrouvez tous les éléments d'habillage de ces législatives en vidéo ci-dessous :
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