Lancé en novembre 2008 sur la TV d’Orange, le bouquet OCS (ex-Orange cinéma séries) a connu la saison dernière plusieurs évolutions : rebranding partiel des chaînes, arrivées chez de nouveaux distributeurs… Mais également la reconduction et même l'élargissement de l'accord-cadre qui le lie à la chaîne américaine HBO.
Ces évolutions en amènent deux autres, dès ce 10 octobre : la refonte du bouquet et un nouvel habillage, que lenodal vous présente en détail.
un bouquet remanié, les séries en avant
Pour faire face à la concurrence renforcée du groupe Canal+ (rappelons que la chaîné cryptée a lancé sa déclinaison Canal+ Séries le 21 septembre), OCS rebat ses cartes et réarrange son bouquet. Exit la chaîne OCS Novo, dédiée au cinéma d'auteur : bonjour OCS City, "génération HBO". Cette nouvelle antenne accueillera l'ensemble des séries HBO en cours, et ce 24 heures après leur diffusion aux Etats-Unis.
Signalons également la naissance d'OCS Go, sur le modèle de HBO Go. Cette marque est destinée à valoriser les contenus d’OCS disponibles à la demande, tout particulièrement les séries. Enfin, signalons la fusion des chaînes OCS Max et Happy.
Le nouveau plan de service du bouquet OCS.
Si HBO n'est pas l'unique pourvoyeur de contenus d'OCS, il est particulièrement mis en avant par le bouquet français, jusque dans le nom complet de la chaîne City, "génération HBO". Cette association à la marque américaine est révélatrice de la stratégie de "label" initiée par HBO depuis une quinzaine d'années. Si HBO s'est développé en nom propre hors des Etats-Unis (dans quelques pays européens notamment), l'essentiel de sa stratégie internationale passe par la vente des droits sur ses productions et par l'association à des marques locales, lesquelles peuvent revendiquer le titre de "home of HBO".
un "éventail" de programmes
Après un appel d'offres auprès de plusieurs agences françaises, c'est Gédéon qui a conçu et produit un nouvel habillage destiné à valoriser le bouquet et gérer cette association entre les deux marques.
« Nous souhaitions souligner la richesse du bouquet et de son offre, explique Emmanuelle Lacaze, productrice chez Gédéon. Nous avons donc conçu un système d'éventail rotatif qui permet de présenter chaque chaîne ou chaque programme. Cet éventail est accompagné d'une "interface" (cf. image ci-dessus, NDLR) qui symbolise la présence d'OCS sur tous les écrans : TV, ordinateur, tablette, smartphone... C'est aussi une référence à l'obturateur d'une caméra (on est sur un bouquet 100% cinéma et séries) et à un nuancier, autrement dit au choix offert à l'abonné. Le logo est placé au cœur du système. »
L'autopromotion exploite ainsi ce dispositif, amplifiant la rotation de l'interface par des transitions en volets.
En haut : bande-annonce multiprogrammes ; en bas : bande-annonce unitaire.
On remarquera que les tailles de certaines mentions, les noms des programmes notamment, ont été significativement augmentées par rapport à l'habillage précédent. L'image reste néanmoins lisible grâce à un système de cartouche semi-transparent. Les packs des bandes-annonces s'apparentent ainsi d'avantage à des affiches. Les futures campagnes print du bouquet devraient d'ailleurs utiliser ce système.
Appartenance au groupe Orange oblige, un certain nombre d'éléments de marque restent en place : la couleur bien sûr mais aussi la typographie Helvetica Neue, qui est une composante indissociable de l'identité de l'opérateur.
de nouveaux idents : « vous êtes fans, nous aussi ! »
Autre élément essentiel d'un habillage : les idents. Entièrement réalisés en live action, ils mettent les abonnés au cœur de l'habillage. Emmanuelle Lacaze raconte : « Nous avons été interpellés par l'accroche du bouquet : "vous êtes fans, nous aussi !" Elle reflète le fait qu'OCS est un bouquet conçu pour des passionnés... et l'enthousiasme qui s'en dégage, notamment par le "nous aussi !", montre qu'OCS s'inclut dans la communauté des fans, se met au même niveau que les téléspectateurs.
Nous sommes donc partis de cette accroche pour réaliser des idents mettant en scène les fans eux-mêmes, dans des situations amusantes où ils deviennent tellement addicts aux programmes d'OCS qu'ils en viennent à les reproduire. »
Ces idents font ainsi référence aux mouvements du self-made et du cosplay. Pour l'agence, il s'agissait surtout d'établir une complicité avec le public. « Certes nous sommes sur un bouquet payant mais qui est assez accessible. Nous ne voulions pas nous lancer dans une démarche graphiquement trop premium, qui n'aurait pas collé à l'identité du bouquet, mais dans quelque chose de plus fun et adapté au budget du diffuseur », explique E. Lacaze.
En guise de bonus, nous vous proposons de visionner le making-of de ces idents.
Parallèlement à ces travaux, Gédéon vient de signer pour OCS une campagne de communication print et télévisée. Cette dernière reprend la trame narrative des idents ; nous vous proposons de découvrir le spot :
Depuis le 2 janvier dernier, ce n'est plus Screenvision mais Canal+ Régie qui assure la commercialisation des écrans publicitaires des salles du réseau UGC. Une victoire importante pour la "régie des CSP+", qui voit là un nouvel espace de développement après l'arrivée dans le monde de la télévision gratuite (iTélé, D8, D17).
Ce contrat pluriannuel appelait la mise en place d'un moving logo, réalisé par la Direction Artistique du groupe Canal+. Olivier Schaack, Directeur Artistique, et Olivier Degrave, qui a conçu ce générique, reviennent pour lenodal sur le dispositif qu'ils ont créé pour l'occasion.
valoriser le partenariat
« L'idée de base était de souligner autant que possible cette union entre Canal+ Régie et UGC, explique Olivier Schaack. Jouer sur leurs logos était sans doute la façon la plus naturelle de la faire. »
Olivier Degrave complète : « Les deux logotypes, s'ils semblent très différents, ont en fait des points communs dans leur construction. Nous les avons positionnés et dimensionnés de sorte à ce que leurs tracés régulateurs s'accordent. Ainsi, le soulignage d'UGC est aligné sur le cartouche de Canal+. On retrouve aussi les cercles de construction des trois lettres U, G et C dans le G de "régie". Enfin, les deux logos ont une dominante bleue. »
créer une "œuvre"
Ce principe acquis, la Direction Artistique a souhaité rester fidèle aux fondamentaux de l'identité visuelle de Canal+ : le jeu sur la matière et sur la lumière.
Pour O. Degrave, « Outre la lumière, une des cultures historiques dans l'habillage de Canal+ est celle de la précision. Et quand on pense "lumière" et "précision", on arrive assez logiquement à l'idée d'utiliser le laser. Nous avons donc contacté un spécialiste du contrôle de ce type de faisceaux. Le "contrôle" était vraiment le maître mot. Nous ne voulions pas d'un moving logo qui fasse penser à l'éclairage d'un concert de musique pop ou électro.
Parallèlement, nous avons fait fabriquer les deux logos sur des plaques de plexiglas. Elles sont dépolies sur les bords, ce qui permet de propager facilement la lumière, même si l'on n'éclaire qu'une petite surface. »
La Direction Artistique et les prestataires sollicités se sont installés, trois jours durant, dans un studio de la toute-neuve Cité du Cinéma, initiée par Luc Besson. Un cadre qui a permis non seulement d'installer le dispositif lui-même (les deux plaques de plexiglas forment un ensemble de plus de 11 mètres de long) mais aussi de réaliser des plans inenvisageables dans un studio de télévision. En effet, rares sont les studios offrant une hauteur sous gril de 14 mètres.
« Le fil conducteur de notre démarche est l'envie de créer une œuvre. Nous employons ce mot non pas au sens où l'on aurait la prétention de faire de l'Art, même si on cherche bien entendu à réaliser un produit esthétique, mais au sens où nous pensons qu'il y a des choses que l'on ne peut reproduire en infographie. La subtilité de la lumière, de son contact avec la matière, le grain d'une image... Tout cela mérite que l'on prenne le temps de fabriquer quelque chose qui n'existe pas que dans un ordinateur », expliquent Schaack et Degrave.
Reste que produire des éléments en live action apporte son lot de contraintes... « Nous avons utilisé 2 sources laser, ce qui ne permet de générer qu'un petit nombre de faisceaux. Il faut donc les faire "rebondir" régulièrement sur des miroirs pour arriver à une construction complexe comme un tracé régulateur, explique Olivier Degrave. Nous avons passé beaucoup de temps à aligner ces faisceaux sur nos plaques de plexi. Seulement, pour voir la lumière à l'image, il faut diffuser de la fumée. La fumée salit le plexiglas ; vous devez donc le nettoyer régulièrement... Bien entendu, lorsque vous le nettoyez, vous le déplacez et vous devez tout réaligner. On fait aussi des petites découvertes... Le laser, cette lumière la plus "pure" et précise qui soit, réagit à la température ambiante. Selon que vous tournez le matin dans un studio froid ou en fin de journée, avec des appareils qui ont chauffé pendant des heures, vous n'obtenez pas le même faisceau. C'était sans fin. Nous avons heureusement pu tourner au fur et à mesure, à défaut de tout shooter le 3ème jour comme nous l'avions envisagé. »
montage des éléments
La Direction Artistique a ainsi quitté la Cité du Cinéma avec 600 gigaoctets de rushes sous les bras, dont certains ont été tournés dans d'autres couleurs que le bleu (illustration ci-dessus).
Olivier Degrave : « Nous avons multiplié les angles de vues, ce qui permet de disposer d'une importante base de travail pour des partenariats futurs. Cela nous a aussi permis de jouer sur le montage final des éléments. Nous avons fait le choix, en générique début, de rester frontal et de ne pas trop dévoiler le dispositif lui-même. Les spectateurs sont en train de s'installer dans la salle de cinéma : on veut les accompagner. On est donc dans une certaine emphase et une certaine magie, que renforce la bande-son de Norbert Gilbert. Par la suite, on montre un peu plus les ficelles et l'on est plus dynamique dans le montage : fin de la pub, le film va commencer. »
Crédits :
Canal+ - Direction Artistique : Olivier Schaack, avec Olivier Degrave - Production : Fanny Bosc
Réalisation : Emmanuel Baume - Chef opérateur : Thomas Robin - Lumières : Denis Pillod
Régisseur : Marcus Pradines - Musique : Norbert Gilbert
À l'heure où les séries télévisées connaissent un engouement indéniable de la part du public et de la critique, comment une chaîne thématique reconnue (elle a été fondée en 1993) peut-elle faire valoir sa programmation et sa position historique, tout en se réinventant ? C'est sans doute cette équation qui a mené Série Club à mettre à l'antenne une nouvelle identité visuelle, depuis le 9 octobre. Lenodal vous propose de décrypter cet habillage avec ses créateurs.
les images en vedettes
C'est Motionfanclub qui a été désigné par Série Club pour mener cette tâche à bien. Florent Duclos, Directeur artistique, explique la démarche de l'agence : « Nous sommes partis d'un état des lieux de la chaîne. Il nous a semblé que sa programmation n'était pas assez valorisée. Nous avons donc souhaité y remédier en mettant l'image au premier plan. Cela impliquait que le système graphique à créer n'empiète pas trop dessus. »
De cette contrainte initiale découle l'idée d'une ligne lumineuse qui, pour Florent Duclos, « vient rythmer les montages plutôt que prendre le pas sur les images. »
Cette ligne lumineuse a conduit l'agence à dissocier les mots Série et Club et donc à redessiner le logo. « On peut parler de petit lifting : la chaîne est attachée à sa marque, il n'était pas question de changement radical. Vous observerez que nous avons descendu la graisse de la partie Club pour créer davantage de contraste et faciliter la dissociation par la ligne lumineuse. Cela nous a aussi permis de jouer sur le mot Série et de l'utiliser comme marqueur des différents genres et des cases. » (cf. visuels ci-dessus)
L'autopromo reprend la typographie de base du logo, à savoir le Gotham (fiche fonderie). Ce caractère, dessiné en 2000 par Tobias Frere-Jones, suscite actuellement un engouement mondial des graphistes : on le retrouve dans la presse (il a été originellement dessiné pour le magazine GQ), dans de nombreuses identités et campagnes publicitaires, mais aussi dans des contextes plus institutionnels, comme le mémorial national du 11 Septembre. Un juste retour des choses, puisque Frere-Jones s'est inspiré d'enseignes new-yorkaises des années 50 pour dessiner un caractère géométrique et intemporel. Cette sensibilité éminemment américaine semble toute indiquée pour une chaîne qui diffuse de nombreuses fictions produites outre-Atlantique.
L'habillage joue des différentes graisses disponibles et de l'alternance entre haut et bas de casse. On remarquera en outre le ferrage de l'ensemble des textes sur la ligne lumineuse, ainsi que leurs couleurs, volontairement éteintes.
Les idents suivent complètement la logique de mise en avant de l'image. En effet, ils sont basés sur de courts extraits des séries diffusées par la chaîne. « Nous utilisons un plug-in spécifique pour créer des ralentis forts. L'idée est de faire de ces scènes des objets esthétiques et donc de promouvoir la grille de Série Club », explique Florent Duclos.
les codes du genre
Les jingles pub font partie des rares éléments purement graphiques de cet habillage. En effet, ils ont été modélisés en 3D. « Nous créons des univers visuels qui jouent sur les codes des différentes séries proposées par la chaîne : policière, judiciaire, médicale... » Là encore, l'influence américaine se fait ressentir.
Toutes ces créations sont soutenues par une bande sonore évanescente, composée par Grégory Tanélian.
Crédits
Agence : Motionfanclub
Musique : Grégory Tanélian