Il y a quelques jours, TF1 a lancé un nouveau dispositif immersif que la chaîne déploie progressivement dans ses différents journaux d’information.
Pour lenodal, découverte de ces évolutions avec Yoann Saillon, Directeur artistique du Groupe TF1.
Une maturation progressive
Installé en août 2018, l’actuel plateau des JT de TF1 n’a pas subi de modifications profondes depuis sa mise à l’antenne il y a six ans. En août dernier, un praticable a toutefois été aménagé sur la partie gauche du plateau, avec l’installation d’un écran panoramique et d’une estrade dotée d’un sol vidéo, prélude à ce nouveau dispositif immersif.
La chaîne propose depuis plusieurs années des séquences en réalité augmentée dans ses rendez-vous d’information — ce fut notamment le cas lors des soirées électorales des Municipales, en 2020. La chronique de Yani Khezzar dans le JT de 20h a été également l’occasion d’expérimenter certaines technologies, à l’instar de la vidéo volumétrique :
Le JT de 20H de @TF1 vous propose de vivre le Débarquement dans des conditions immersives exceptionnelles, grâce à la technologie de la capture volumétrique. Une remontée dans le temps spectaculaire au 6 juin 1944 avec @YaniKhezzar, Christophe Aragona et Élise Chambeyron. pic.twitter.com/lCGFK5nlbw
La chaîne souhaitait toutefois exploiter pleinement les 140 m2 d’écrans de son plateau, pour proposer pour la première fois des séquences en réalité étendue générées en temps réel. Un projet qui a demandé près de 9 mois de recherche et développement en interne : « Notre idée est d’avoir toujours un temps d’avance » précise Yoann Saillon. « Nous nous efforçons d’innover chaque année, en proposant des nouveautés technologiques qui soient toujours au service de l’éditorial. Nous voulions prendre le temps de faire bien les choses, il ne s’agissait pas d’être prisonnier d’un format ou d’une technologie. Il fallait apporter une vraie plus-value ».
Concrètement, les équipes s’appuient sur le moteur Unreal pour la génération en temps réel des images ; l’usage de la XR et de la RA permettent l’intégration des objets au plateau et le suivi des axes. Le tout est projeté sur des écrans Onset, installés au mur et au sol. « À l’inverse d’un fond vert, le présentateur qui évolue sur le praticable n’est pas perdu : il voit le résultat directement dans les écrans. Nous pensons que cette solution hybride, qui mêle plateau réel et dispositif virtuel, est la meilleure solution ». souligne Yoann Saillon.
De nouvelles séquences dans les journaux
Cette solution est déployée notamment pendant la séquence « Infox » dans les JT du week-end, désormais présentée dans un décor virtuel circulaire enrichi d’infographies : données chiffrées, images d’illustrations… « Nous allons notamment nous appuyer sur un format “totem” en 9x16. Avec l’évolution des usages, il devient essentiel d’intégrer ces formats verticaux particulièrement utilisés en digital » ajoute Yoann Saillon.
Crédit visuel : TF1
Dans le JT de 13h de Marie-Sophie Lacarrau, ces séquences immersives se présentent sous la forme de grandes fresques en trompe l’œil. La rubrique Le 13h à table sera ainsi contextualisée dans un décor de cuisine personnalisé selon les besoins éditoriaux : « Nous voulions mieux marquer les nombreux formats qui existent dans le JT de 13h. Pour Le 13h à table, on pourra se servir du décor pour afficher des recettes ou faire évoluer l’ambiance selon la saisonnalité, par exemple ».
Crédit visuel : TF1
Enfin, ces séquences immersives sont également utilisées dans le JT de 20h lors de lancements enrichis. Gilles Bouleau est entouré d’un décor lié à la thématique abordée : certains objets pourront être éditorialisés afin de mettre en valeur un chiffre ou une infographie.
Pour plus de réactivité, de nombreux modèles ont été préparés en amont de sorte à constituer une bibliothèque de décors virtuels ; les équipes n’auront alors plus qu’à personnaliser ces scènes pendant la préparation du journal en fonction des informations à y faire apparaître. Et Yoann Saillon de préciser : « Nous voulons utiliser ces modules immersifs pour des séquences qui ne sont pas toujours faciles à illustrer avec une simple image fixe, comme les sujets liés à la consommation, par exemple ».
Crédit visuels : TF1
Enfin, ajoutons qu’une nouvelle séquence des titres, qui exploite ces nouveautés technologiques, a fait également son apparition. Le reste de l’habillage et le plateau ne devraient toutefois pas sensiblement évoluer à court terme. « Les JT de 13h et de 20h sont des rendez-vous statutaires. Le plateau, très simple dans son dispositif, a été conçu dès 2018 pour évoluer par petites touches et accueillir ces nouveautés. Nous ne voulons pas changer pour changer, il est important de garder des repères ».
Une organisation revue
En interne, cette évolution visuelle et éditoriale s’accompagne d’une mutation profonde dans l’organisation des équipes et la fabrication des journaux au quotidien. Une réflexion sur la mise en forme visuelle des JT est ainsi menée au moment des conférences de rédaction : le traditionnel conducteur éditorial s’accompagne désormais d’un conducteur visuel pour déterminer le choix des séquences à illustrer et les moyens à mobiliser. Ce travail mobilise in fine l’ensemble des personnels et a permis de développer une véritable expertise : « On a pris le temps de rassembler toute la rédaction autour de ce projet là. » précise Yoann Saillon « C’est un travail conjoint des équipes techniques, éditoriales et artistiques Il en a résulté une montée en compétence parmi les équipes, particulièrement sur la modélisation 3D et l’intégration car nous voulons autant que possible internaliser ce savoir-faire ».
Ces nouveautés seront déployées de façon progressive dans les différents journaux de la chaîne.
Dans un communiqué de presse diffusé ce jour, le groupe CMI France confirme que l'identité visuelle de leur chaîne T18, lancée le 6 juin prochain, est signée par Etienne Robial :
Le groupe média CMI France lancera T18, sa nouvelle chaîne de télévision, le 6 juin prochain sur la TNT. Avec une programmation mêlant documentaires, débats et divertissements, T18 sera une chaîne généraliste et pluraliste qui défendra la liberté d’expression et la confrontation des idées dans le respect et la clarté.*Pour affirmer l’identité de T18, Denis Olivennes, président du Conseil de Surveillance de CMI France, et Christopher Baldelli qui dirige la chaîne, ont choisi Étienne Robial, figure emblématique du design graphique, dont le travail structuré et intemporel a marqué l’histoire des médias en France.
Graphiste, peintre en lettres et directeur artistique, Étienne Robial est à l’origine des identités visuelles de Canal+, M6, iTélé ou encore RTL9. Son approche du design repose sur la lisibilité, la rigueur des formes et une intemporalité assumée.
Pour T18, il a conçu un logo épuré et porteur de sens. Le T18 s’inscrit dans un rhombe légèrement dévissé reposant sur sa pointe, une forme géométrique qui symbolise le dialogue et la confrontation des idées. L’apparente instabilité de la forme est compensée par le T central, qui joue un rôle de stabilisateur et de médiateur du débat. Enfin, le découpage du logo respecte un ratio harmonieux d’un tiers, deux tiers, renforçant sa cohérence visuelle.
Etienne Robial : "Une bonne identité visuelle doit traverser le temps et être immédiatement reconnaissable. Avec T18, j’ai cherché à créer un logo qui incarne un esprit de clarté, de dialogue et de rigueur, à l’image de la chaîne."*Au-delà du logo, l’univers graphique de T18 se déclinera à l’antenne à travers un habillage conçu par Gedeon, l’un des studios de design audiovisuel les plus reconnus, qui a signé l’identité de nombreuses chaînes françaises et internationales"
L’identité sonore de la chaîne a été confiée à Sixième Son, référence dans la création de logos et d’univers sonores pour les marques et les médias.
Enfin, le lancement de T18 sera accompagné d’une campagne de communication imaginée par Gabriel Gaultier, fondateur de l’agence Jésus et Gabriel, connu pour ses campagnes audacieuses et impactantes.
Christopher Baldelli, Président de T18 :"Nous voulions une identité qui reflète la mission de T18 : proposer des programmes qui informent, confrontent et divertissent avec clarté et exigence. L’ensemble de nos choix graphiques, sonores et publicitaires s’inscrit dans cette vision cohérente."
Elle était de celles et ceux qui ont inventé ce que l'on ne nommait pas encore l'habillage télévisuel. La créatrice Catherine Chaillet est décédée le 23 décembre 2024, comme l'annonce sa famille.
Photo de Catherine Chaillet (2018)
Crédits photo : Arno Frugier (Photographer), Marie-Amélie Sauvé (Fashion Editor/Stylist)
Son nom figurait en toutes lettres sur de nombreux génériques des années 1970. Elle est notamment connue pour avoir imaginé l'identité visuelle de la toute jeune TF1 en 1975. Son célèbre logo animé aux lettres imbriquées restera à l'antenne une dizaine d’années avant d’être décliné jusqu’au début des années 1990.
TF1 (1975)
Lorsqu'arrive l'éclatement de l'ORTF, chaque nouvelle société de télévision (TF1, Antenne 2 et FR3) doit se distinguer. TF1 fait alors appel à Catherine Chaillet. Au delà de créer l’astucieux logo de la chaîne, aux “t” et “f” symétriques, elle le fera vivre à travers nombre d’indicatifs et de déclinaisons.
"Il fallait que la chaine s’annonce. La concurrence commençait à peine de s’ouvrir, il fallait qu’elle soit elle, qu’on sache, qu’on la reconnaisse et qu’on y reste. Donc il fallait appeler, capter et captiver" expliquait-elle, dans un reportage de l'émission TV+ consacré aux génériques et habillages en mai 1999. "Le logo a été fait entre une machine à laver et un plat de nouilles au gratin, chez moi, avec les enfants" ajoutait-elle.
Elle créa ainsi l'univers coloré de la chaine, avec de nombreux génériques qui rythmaient l’antenne tout au long de la journée : les génériques d’ouverture et de fermeture antenne, le journal, mais aussi des émissions comme Automoto, 30 millions d’amis, la séquence du spectateur…
Elle donne également naissance aux "Tifins", ces personnages astucieusement taillés dans la forme du logo TF1.
Quelques années plus tôt, au début des années 70, Catherine Chaillet est approchée par les dirigeants de la troisième chaîne au moment de sa création au sein de l'ORTF. Elle est chargée de créer l’image de marque de cette nouvelle chaîne régionale et décentralisée, culturelle, novatrice, et surtout en couleurs. Elle fabrique alors un écosystème joyeux, soutenu par la musique de Jacques Loussier.
Elle crée son logo, constitué d’un “C” et un “3” sur fond de bandes et de cercles colorés.
Lors de son inauguration le 31 décembre 1972, elle est interrogée par Jean Amadou sur son travail : "Il a fallu faire un sigle qui corresponde à l’image de marque de la 3ème chaîne. On a essayé de le faire un peu ouvert et évolutif pour ne pas l’enfermer dans une forme dont on aurait pu se lasser très vite, car il allait être utilisé énormément. Il ne fallait pas l’user trop vite" précise Catherine Chaillet.
En complément des clips promotionnels de la nouvelle chaîne, l’Office demande à Catherine Chaillet de réaliser une vingtaine “d’indicatifs de genre”, pour introduire les programmes à la place des speakerines. Elle indique dans un reportage diffusé en 1973 qu'ils sont "destinés à libérer le téléspectateur de la rémanence de l'émission précédente, et à annoncer le climat de l'émission suivante".
A travers son travail pour TF1 et la 3ème chaîne couleur, Catherine Chaillet aura innové et ouvert la voie à une certaine idée de cohérence visuelle pour ce média télé encore jeune.
Après TF1, la créatrice a notamment dessiné le premier logo de Chérie FM en 1987 et celui de Vivendi en 1998.
Architecte de formation, Catherine Chaillet a eu une carrière avant la télévision. Étudiante aux Beaux-Arts puis architecte, c'est dans la mode qu'elle se fait connaître comme styliste dans les années 1960 : elle travaille pour Lalonde, Hechter puis Hermès où elle dessinera l’iconique sac Constance, du nom de sa fille, toujours commercialisé.
Catherine Chaillet avait 91 ans.
Article : Johann Frarier, Bastien Luneteau, Antoine Etienne