À l'heure où les séries télévisées connaissent un engouement indéniable de la part du public et de la critique, comment une chaîne thématique reconnue (elle a été fondée en 1993) peut-elle faire valoir sa programmation et sa position historique, tout en se réinventant ? C'est sans doute cette équation qui a mené Série Club à mettre à l'antenne une nouvelle identité visuelle, depuis le 9 octobre. Lenodal vous propose de décrypter cet habillage avec ses créateurs.
les images en vedettes
C'est Motionfanclub qui a été désigné par Série Club pour mener cette tâche à bien. Florent Duclos, Directeur artistique, explique la démarche de l'agence : « Nous sommes partis d'un état des lieux de la chaîne. Il nous a semblé que sa programmation n'était pas assez valorisée. Nous avons donc souhaité y remédier en mettant l'image au premier plan. Cela impliquait que le système graphique à créer n'empiète pas trop dessus. »
De cette contrainte initiale découle l'idée d'une ligne lumineuse qui, pour Florent Duclos, « vient rythmer les montages plutôt que prendre le pas sur les images. »
Cette ligne lumineuse a conduit l'agence à dissocier les mots Série et Club et donc à redessiner le logo. « On peut parler de petit lifting : la chaîne est attachée à sa marque, il n'était pas question de changement radical. Vous observerez que nous avons descendu la graisse de la partie Club pour créer davantage de contraste et faciliter la dissociation par la ligne lumineuse. Cela nous a aussi permis de jouer sur le mot Série et de l'utiliser comme marqueur des différents genres et des cases. » (cf. visuels ci-dessus)
L'autopromo reprend la typographie de base du logo, à savoir le Gotham (fiche fonderie). Ce caractère, dessiné en 2000 par Tobias Frere-Jones, suscite actuellement un engouement mondial des graphistes : on le retrouve dans la presse (il a été originellement dessiné pour le magazine GQ), dans de nombreuses identités et campagnes publicitaires, mais aussi dans des contextes plus institutionnels, comme le mémorial national du 11 Septembre. Un juste retour des choses, puisque Frere-Jones s'est inspiré d'enseignes new-yorkaises des années 50 pour dessiner un caractère géométrique et intemporel. Cette sensibilité éminemment américaine semble toute indiquée pour une chaîne qui diffuse de nombreuses fictions produites outre-Atlantique.
L'habillage joue des différentes graisses disponibles et de l'alternance entre haut et bas de casse. On remarquera en outre le ferrage de l'ensemble des textes sur la ligne lumineuse, ainsi que leurs couleurs, volontairement éteintes.
Les idents suivent complètement la logique de mise en avant de l'image. En effet, ils sont basés sur de courts extraits des séries diffusées par la chaîne. « Nous utilisons un plug-in spécifique pour créer des ralentis forts. L'idée est de faire de ces scènes des objets esthétiques et donc de promouvoir la grille de Série Club », explique Florent Duclos.
les codes du genre
Les jingles pub font partie des rares éléments purement graphiques de cet habillage. En effet, ils ont été modélisés en 3D. « Nous créons des univers visuels qui jouent sur les codes des différentes séries proposées par la chaîne : policière, judiciaire, médicale... » Là encore, l'influence américaine se fait ressentir.
Toutes ces créations sont soutenues par une bande sonore évanescente, composée par Grégory Tanélian.
Crédits
Agence : Motionfanclub
Musique : Grégory Tanélian
On y est : après des mois de travail et de feuilleton économico-administratif, le groupe Canal+ fait ce soir son entrée dans l'univers de la télévision gratuite. L'autorisation par l'Autorité de la concurrence puis par le CSA de racheter ses deux chaînes au groupe Bolloré est tombée il y a quelques semaines seulement : exit Direct 8 et Direct Star, bonjour D8 et D17.
Lenodal vous propose de découvrir en détails l'habillage de ces nouvelles chaînes.
une direction artistique externalisée
L'incursion de Canal+ dans le gratuit a été l'occasion d'une réorganisation interne. Le groupe comprend désormais deux pôles : un "historique" consacré à la télévision payante et dirigé par Raphaël de Andréis (recruté auprès de l'agence BETC) ; un second dédié à la télévision gratuite et dirigé par Ara Aprikian, qui était jusqu'à présent Directeur du pôle flux.
Selon nos informations, la Direction Artistique de Canal+ (avec à sa tête Olivier Schaack) n'a pas pris en charge le rebranding de D8 et D17. Il s'agit là de la répétition d'un schéma initié en 2011, lors du relookage d'iTélé. À l'époque, la Direction Artistique de la chaîne info avait été confiée à la société de production KM (Le Grand Journal...), qui avait elle-même sollicité l'agence Motionfanclub.
On retrouve aujourd'hui ce schéma sur D8 et D17 : toujours selon nos informations, c'est Flab prod (La Nouvelle édition, Canal Football Club...) qui a piloté la Direction Artistique des deux chaînes en vue de leur relancement par le groupe Canal+. À l'issue d'un appel d'offres international qui a mis en compétition des agences françaises, anglaises et américaines, ce sont les californiens de Troïka qui ont rebrandé les deux antennes.
l'habillage de D8 : positionner "la nouvelle grande chaîne"
Le slogan de D8 est connu depuis la délivrance par le CSA de l'autorisation de rachat et s'étale dans les grandes villes à longueur de panneaux publicitaires. Une campagne qui, selon Satellifax, aurait coûté 3,1 millions d'euros.
Pour installer cette "nouvelle grande chaîne", le choix de l'agence Troïka (qui a entre autres habillé ABC et Fox) ne semble pas anodin. Le recours à cette entreprise américaine implique une volonté d'un habillage puissant, soutenu par une haute qualité de rendu visuel.
Les premiers éléments d'habillage diffusés ce dimanche confirment cette hypothèse : le logo de D8, dans une 3D que l'on qualifiera de "massive", est de tous les idents et jingles pub. Son animation, au travers de différentes compositions et matières, est même le point central de l'identité visuelle. Une stratégie déjà adoptée en son temps par W9 par exemple, avec succès.
Côté typographie, c'est le Giorgio Sans qui a été retenu (fiche fonderie) ; un alphabet bâton qui n'est pas sans rappeler le Din. La typographie, dans l'habillage de D8, est utilisée de façon discrète et rationnelle. Il s'agit de ne surtout pas "voler la vedette" au logo et de délivrer les informations essentielles (rendez-vous, site Internet...) avec efficacité, sans fioriture.
L'autopromotion mise à l'antenne ce soir est transitoire : une autre version sera lancée d'ici quelques semaines. Si elle est de facture assez classique dans son écriture (intro, corps de bande, packshot), on remarquera cependant la présence en corps de bande et surtout en post-pack du logo de D8. Ce sera d'ailleurs l'occasion de découvrir une animation plus générique du logo, où le D et le 8 tournent sur eux-mêmes. La volonté est limpide : "signer", s'approprier chaque programme pour poser le statut de la chaîne : D8 se veut être la généraliste gratuite premium de la TNT.
l'habillage de D17 : jeune ne veut pas dire cheap
Le lancement de D17 a moins retenu l'attention des médias que celui de sa grande sœur, notament parce que la convention que lie la chaîne au CSA limite le remodelage que le groupe Canal+ pourra imprimer à l'antenne (75% de la programmation doit être musicale). D17 bénéficiera néanmoins de son lot de nouveautés, au premier rang desquels l'habillage qui vient signifier, sans doute davantage que la grille de la chaîne, qu'il y a bien eu un changement de propriétaire.
Comme auparavant entre Direct 8 et Direct Star, la relation entre D8 et D17 est appuyée par des logotypes semblables. Cependant, si le D de D8 est noir (la couleur du premium), celui de D17 se décline en un ensemble de 4 teintes acidulées : rouge "fraise tagada", magenta, vert fluo et cyan. Il s'agit d'installer un univers pop identifiable au public jeune, cible de la chaîne.
Les idents et jingles pub adoptent un ton résolument urbain. Il se composent d'une succession de photographies "lifestyle", qui ne sont pas sans rappeler les innombrables clichés que nous sommes habitués à voir défiler sur les smartphones et réseaux sociaux. Le premier habillage de l'ère Instagram, en quelque sorte. Invariablement, ces éléments se referment sur l'appartion, via une rotation 3D, du logo de la chaîne.
L'autopromotion joue de ces codes mais y ajoute une dimension davantage graphique, et plus précisément typographique. Cette dernière est animée, encartouchée, de sorte à apporter de la fluidité aux bandes-annonces et rappeler l'univers pop de la chaîne. À la découverte des premières autopromos, ce traitement nous semble apporter une valeur nouvelle à l'image de D17.
L'intégration de D8 et D17 au sein du groupe Canal+ ne fait que débuter. Ses conséquences techniques, financières et en matière de programmation conduiront inévitablement à des évolutions de ces deux identités visuelles. Selon nos informations, d'autres nouveautés devraient faire leur apparition dans les mois à venir.
Découvrez l'intégralité des habillages de D8 et D17 au travers de nos deux sélections :
À l'approche des fêtes de fin d'année, les diffuseurs viennent d'habiller leurs antennes aux couleurs de Noël. Lenodal vous propose un tour d'horizon de ces déclinaisons des identités des chaînes.
TF1
La Une a été parmi les premières chaînes à diffuser son habillage de Noël, à l'antenne depuis le lundi 12 décembre et présent jusqu'au 2 janvier.
Si les jingles pub restent inchangés depuis l'an dernier, on observe par contre de nouveaux arrière-plans et de nouvelles couleurs pour l'autopromo. L'orange et le bleu de 2010 laissent place aux dorures et au bordeaux, sur fond de forêt de conifères.
Cette déclinaison reste cohérente avec l'habillage antenne intemporel et continue donc de véhiculer les valeurs de TF1 : divertissement, rassemblement, famille...
France 2
France 2 joue la cohérence et la continuité. On retrouve en effet les personnages en 3D présents depuis 2009, dans de nouveaux scénarios liés à la thématique de l'habillage mis à l'antenne en septembre : le jeu.
"L'univers de Noël, lié aux enfants, est particulièrement compatible avec notre identité et nos valeurs," nous explique Stephen Harlé, Directeur Artistique de France 2. "C'est aussi l'occasion d'explorer d'autres pistes de travail avec les créatifs avec qui nous collaborons. On conserve ainsi les petits personnages créés par Géraldine Karolyi, mais dans d'autres situations. Rob, qui vient de signer notre nouvelle identité sonore, a réorchestré la musique mais aussi fait un travail très intéressant (et il faut le dire, assez amusant) sur le sound design... Ça nous donne des idées pour l'avenir."
On remarquera que cet habillage est également corporate, puisque les tenues de chaque lutin reprennent les couleurs des autres chaînes de France Télévisions, tandis que France 2 hérite (tout simplement) de la couleur du Père Noël.
Découvrez ces nouvelles saynètes, à l'antenne depuis le 14 décembre :
Comme ce fut le cas l'an passé, ces petits personnages, mis en scène dans les idents et jingles pub/annonce, s'inviteront également dans le kit autopromo.
Par ailleurs, les animateurs de la chaîne continueront d'adresser les vœux aux téléspectateurs à travers des modules dédiés. "Cette année, nous n'avons pas réuni les 36 présentateurs (+ une surprise...) en un seul lieu mais sommes allés les voir sur leurs plateaux, dans leur univers. Nous leur avons demandé de se prêter à un petit exercice de style : un vœu, deux mots", explique Stephen Harlé.
Ces vœux reprennent les codes visuels de l'autopromo et de l'habillage dynamique pour inscrire les mots choisis par chaque animateur, par exemple "douceur" ou "lumière".
Crédits :
France 2 - Direction Artistique : Stephen Harlé, assisté de Stéphanie Rivaillon, Muriel Saule
Consultant : Fred Grivois - Musique & Sound design : Rob 17 Mars - Réalisation : Géraldine Karolyi, Cédric Hansen
Réalisation des vœux : Vincent de Hollogne, avec Christophe Evrard et Thomas Dapzol (the Office)
France 3
Pas de réelle nouveauté sur France 3, mais un retour qui ravira sans doute nombre de téléspectateurs : celui de l'ours en origami.
"Nous nous sommes interrogés sur l'opportunité de créer quelque chose de nouveau," nous raconte Régis Montelle, de la Direction Artistique de France 3. "Et quand nous avons revu notre petit ours, les questions se sont évanouies. Je pense que nous étions tous un peu frustrés de l'avoir laissé aussi peu longtemps à l'antenne l'an dernier. Et à en juger par les retours de nos camarades en régions, ce retour réjouit tout le monde."
Il faut dire que ce sympathique animal, à l'univers volontiers poétique, a été unanimement salué dans les compétitions internationales. Il a ainsi permis à la DA France 3 et à l'agence Dream On de remporter deux Silver Award au Promax World et un prix du Club des DA.
Les yeux attentifs remarqueront que le logo France 3 animé, en bas de l'écran, ne laisse plus apparaître les 5 trapèzes de France Télévisions, conformément à la volonté de la présidence Pflimlin.
Crédits :
France 3 - Direction Artistique : Laurent Sauvage, assisté de Régis Montelle
Production, réalisation : Dream On
Canal+ family
La chaîne cryptée se démarque depuis sa création par une absence d'habillage de Noël. Une volonté de se différencier de la concurrence et de ne pas écorner les systèmes et la cohérence installés par la Direction Artistique.
Celle-ci a néanmoins fait une exception pour Canal+ Family, "dont l'antenne se prête plus volontiers à cet exercice", nous explique Olivier Schaack (Directeur Artistique). "Nos équipes sont partis en Savoie re-tourner certains des idents mis à l'antenne cet été avec Devilfish. Le concept reste le même, mais l'on installe des détails liés à Noël comme les couleurs rouge et blanc, un bonnet, un petit Père Noël..."
Avant // Après
Avant // Après
Crédits :
Canal + - Direction Artistique : Olivier Schaack, assisté d'Astrid Hugues - Chargée de mission : Juliette Clerc - Réalisation : Olivier Degrave Devilfish - Richard Holman, Daniel Eatock, Grant Gilbert - Musique : Malcolm Goldie
M6
La chaîne se distingue cette année avec de nouveaux visuels mêlant l'iconographie traditionnelle de Noël (boules, jeux de lumières...) à un univers graphique élargi à la thématique de la "fête" en général. Oranges, papillotes, jouets en bois et autres verres à cocktail virevoltent autour du logo M6, toujours modélisé en 3D. Celui-ci est d'ailleurs systématiquement présenté dans un coloris neutre, afin de se teinter au gré des éclairages flashys. Un habillage très contrasté, notamment grâce à l'emploi d'un arrière-plan noir.
L'autopromo évolue plus légèrement et s'agrémente de flocons de neige.
Crédits :
Agence View - Directeur de Création : Christophe Valdejo
Autres chaînes
Toujours au sein du groupe M6, où Paris Première a aussi enfilé ses habits d'hivers. L'habillage, récemment rénové par l'agence SlooDesign, met toujours en scène les animateurs de la chaîne tels des Gulliver au sein de la capitale, dans un univers au fort contraste noir-ville/blanc/neige. Tenue de soirée de rigueur (smoking pour les Messieurs, robe pour les Dames) ! Le jeu typographique caractéristique de cette identité visuelle reste présent.
Signalons également la déclinaison mise en place par le bouquet thématique Orange cinéma séries. L'autopromo intemporelle, créée par l'agence Dream On, est agrémentée d'un jeu de "boules de lumières" au travers desquelles navigue la caméra, avant de plonger dans la bande-annonce proprement dite. Ce système a été conçu en concertation avec d'autres services d'OCS (presse, marketing...) afin d'aboutir à une communication unifiée.
Crédits :
Orange cinéma séries - Direction On-Air & On-Line : Frank Guillouard - Responsable autopromo : Pauline Frotiée
Déclinaison Noël : Jérémie Sommet - Sound design : David Pouchoulin
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Mise à jour 15/12 : Ajout de vidéos de Canal+ Family