Près de 20 ans après le lancement (dans sa version analogique) de son bouquet Canalsat, le groupe Canal+ s'apprête à rebrander la quasi totalité des chaînes éditées par sa filiale MultiThématiques. Seules Jimmy, Seasons et Cuisine.tv échappent pour le moment au ravalement. En tout, ce sont donc 19 chaînes qui vont voir leur nom, logo et habillage évoluer.
En avant-première, Lenodal vous propose de découvrir cette semaine ces nouvelles identités et leur philosophie, au travers d'une série de six articles.
"Ce rebranding deviendra visible pour les spectateurs mardi 17 mai. Il peut sembler étrange de lancer ces nouveaux logos en milieu de semaine, mais cette date correspond à la mise en place d'un nouveau plan de service (NDLR : la redistribution de la numérotation de certaines chaînes du bouquet). Il n'y en a que deux par an, il fallait donc mettre les nouvelles identités à l'antenne dès le mois de mai... Ou attendre la fin de l'année", nous explique Ariane Esfandi, Directrice de la Communication de Canalsat.
2011 est décidément une année particulière pour la chaîne franco-allemande. Dans la foulée de la célébration des 20 ans de la signature du traité l'ayant créée et de l'arrivée à sa tête de Véronique Cayla (ex-présidente du CNC, elle a remplacé Jérôme Clément qui dirigeait La Sept puis Arte depuis 1989), la chaîne qui nous incite à "vivre curieux" se dote d'une nouvelle identité visuelle. Un rafraîchissement qui concerne bien entendu l'antenne mais plus globalement l'ensemble de son image corporate.
Pour concevoir ce nouvel habillage, Ulli Krieg a opté pour une démarche originale. Au lieu de procéder à un appel d'offres mettant en concurrence diverses agences, comme cela se fait traditionnellement, la directrice artistique d'Arte a décidé de pousser ces mêmes agences à travailler en collaboration. Cette rencontre inattendue d'artistes et designers européens a ainsi donné naissance à une identité singulière que lenodal vous propose de découvrir en avant-première.
Le logo
Il fait l'objet de plusieurs évolutions. Avec l'abandon de l'inclinaison à 4° et une redéfinition de sa teinte, il est réaffirmé dans son statut de point focal de l'identité d'Arte. Il est désormais au cœur de l'habillage antenne et bénéficie d'un nouveau traitement en 3D : il s'anime pour donner naissance à une sculpture.
Le logo ainsi modélisé devient fil conducteur entre les programmes, adoptant de multiples formes et couleurs. En aplat, la sculpture est utilisée comme gabarit de défonce des images.
La typo
Arte a opté pour le Gotham, dans différentes graisses. Sa rondeur tranche avec les formes anguleuses de la sculpture et des cartouches dans lesquels il s'insère. On remarquera sur les captures de bandes-annonces ci-dessous la forte lisibilité de la police, renforcée par le contraste noir sur blanc.
Les idents
Dans la continuité des habillages précédents, les idents en live motion nous transportent dans des univers poétiques et bucoliques. Ils sont basés sur plusieurs "séquences narratives" découpées chacune en une multitude de jingles. Il en sort un patchwork de saynètes diffusables à l'envie et laissant libre court à l'interprétation du téléspectateur. On remarquera la réintroduction notable de séquences dansées, pour un plus grand dynamisme.
L'identité musicale de la chaîne, qui s'inscrit également dans la continuité des précédentes nappes mélodiques composées par Keren Ann, renforce le caractère intemporel de ces récits. Le changement le plus notable pour les oreilles attentives sera d'une autre nature : le site du Nouvel Observateura révélé récemment que la voix aussi suave que mythique de Sylvie Caspar ne fera plus partie de l'univers sonore d'Arte.
Les déclinaisons
L'antenne d'Arte n'est pas seule bénéficiaire de cette nouvelle image. L'ensemble des supports de communication de la chaîne (site web, publications, cartes de visites, courriers...) adoptent la nouvelle couleur du logo et la typo Gotham. Ils utilisent également au besoin les nouveaux éléments corporate (cartouches, sculpture).
Incontestablement, Arte se réaffirme comme une chaîne à part dans le paysage français et même européen. Si elle introduit quelques touches modernes (ou du moins inédites pour elle) comme l'utilisation de la 3D, elle résiste aux sirènes d'un habillage "branché", "dynamique" mais rapidement démodé. La chaîne impose un univers singulier dont vous pouvez avoir une vision d'ensemble sur son site dédié et dans la vidéo ci-dessous.
Crédits
Direction artistique Arte : Ulli Krieg Sculpture-logo 3D : Joost Korngold (Re*Nascent) Habillage antenne : Benjamin Cuénod (Scripted Reality) Identité print : Tom Ising (Herburg Weiland) et Bela Stetzer (Stetzer Kommunikationsdesign) Graphisme web : Axel Schildt (Okapi) Réalisation des idents : Joe Vanhoutteghem (Czar) Photographies : Detlef Overmann Musique & Design acoustique : Catherine Lagarde (Novaprod) et Laurent Parisi.
En septembre dernier, Le Grand Journal a fait sa rentrée avec un nouvel habillage en 3D, produit par Motionfanclub. Retour sur cette réalisation avec Vincent Kherroubi, directeur de la création de l'agence.
Lenodal : Quelle a été le souhait du client à l'origine ? Avez-vous eu des contraintes particulières ?
Vincent Kherroubi : La société KM [producteur de l'émission, NDLR] nous a consulté pour réactualiser et rafraîchir le générique et les coming next du Grand Journal. C’est la 7ème année à l’antenne du Grand Journal, KM souhaitait une image plus sérieuse et plus marque. Le défi a été de jouer avec les codes du Grand Journal, réinventer son image en lui apportant une dimension plus sérieuse et mature.
Comment avez-vous traduit cette demande à l'image ?
Dans un premier temps nous avons imaginé le Grand Journal comme un produit que l’on peut marketer. Nous avons voulu une image structurée et graphique qui balaie l’image purement pop et délirante de l’ancien générique. Tout ça dans le but d’atteindre une cohérence d’identité, forte et unique. Sachant que le générique est le seul moment où peut être mis en avant la marque Grand Journal.
Les codes du logo du Grand Journal sont riches, nous avons déconstruit ce logo sans en déconstruire l’histoire. L’ancien générique jouait sur le contenu de l’émission, qui mêlait l’actualité et la politique au show-business et au divertissement. Le contenu du Grand Journal est maintenant connu du public, nous avons donc recentré le générique sur son logo, le carré rouge, avec une imagerie plus abstraite et minimaliste, plus mature et puissante ; qui raconte une histoire. L’ouverture du générique sur le cube rouge qui se solidifie incarne le statut du Grand Journal, immense ; sa décomposition le rend accessible et montre que si important soit-il, le Grand Journal ne se prend pas au sérieux.
Dans le coming next nous gardons cet esprit de marque et logos qui sont ici chapeautés par le Grand Journal. Les logos dessinés à la main, le fond blanc, la mise en scène des chroniqueurs très chics filmés en 1000 images/s et des petites tâches de couleurs permettent de créer un intermède POP mais haut de gamme de l’émission.
Vous semblez avoir apporté une attention particulière aux typos, qui font partie intégrante de l'image. Quelle a été votre réflexion sur ce sujet ?
Les typos sont les mots, les sujets, les personnalités. Elles sont des marques à part entière, des portraits. Dans le Coming Next, chaque chroniqueur est incarné par un logo. Ces logos ont été dessinés à la main par le graphiste BUS spécialement pour chaque journaliste. Il les a ensuite repris sur Illustrator. Un travail minutieux a été réalisé pour rendre ces logos lisibles et uniques.
Cette approche de mini-marques a été employée de la même manière pour les pastilles de l’émission. Le Petit Journal relooké en émission dans l’émission, le Bureau de l'Info, le Daily Mouloud, la rubrique de Tania, etc. Chacune de ces rubriques a son logo dessiné à la main ainsi riche d’un supplément d’âme et cohérent avec l’ensemble. L’habillage interne n’a pas changé.
Comment avez-vous travaillé pour la bande son ?
La bande son du générique a été fourni par KM, il s’agit du morceau "Superstition" de Stevie Wonder repris par le groupe Two Door Cinema Club et remixé par Beataucue.
Pour les coming next, nous avons fait en sorte que le rythme puisse facilement s’adapter à une majorité de morceaux. Sa bande son est en effet changée toutes les semaines par l'équipe éditoriale du Grand Journal.